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Le Petit Marseillais, 26 septembre 1894

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Le Petit Marseillais
26 septembre 1894


Extrait du journal

J’applaudis hautement et de tout mon cœur au projet que vous avez Formé de combattre les idées de M. Méline. Je trouve que les libre-échangistes se sont abandonnes eux-mêmes pendanteesdernièresannées. Us étaient plus agissants sous l’Empire. Pour ma part, j’ai fait des conférences à Paris, à Bordeaux, à Reims, sans compter mes discours de tribune. Nous étions alors très nombreux et très ardents. Il est impossible que votre appel ne soit pas entendu, surtout en présence de la situation que les tarifs de M. Méline nous ont faite. Mâcon, comme vous le dites très bien, a donné le bon exemple. Bordeaux qui a été longtemps le foyer des doc trines libre-échangistes ne peut man quer de le suivre. A Reims, où le commerce des laines dépérit, on a toutes les raisons à la fois pour com mencer la réaction qui doit nous sauver. Le rôle de Marseille, si prépondérante dans notre commerce extérieur, ne peut manquer d’être considérable.Vous êtes à la fois les témoins et les victimes de la situation qui nous est faite. C’est à vous de mener la grande bataille. Il faudrait commencer par la statis tique pour nous établir solidement sur le terrain des faits. En quelques semai nes, la lumière pourrait être faite dans le ressort des grandes chambres de commerce. Plusieurs de ces chambres sont doublées, comme à Reims, d’une société industrielle où les travailleurs ne manquentpas.On verrait ce que sont devenues les promesses avec lesquelles on a d’abord leurré les industriels et qui ont fini par séduire l’agriculture contre toute vérité et toute vraisemblance. Ce serait là le début de la campagne, qui doit être prompte, décisive simultanée. u mut taire le granci jour sur la lame, la soie, le fer, les céréales, la vigne. Je suis persuadé qu’on verrait partout la décadence dès aujourd’hui et la ruine au bout du chemin. Il y a, je le sais, de fréquentes oscilla tions dans le mouvement économique. Je ne regarde pas les chiffres comme souverains dans la matière. Quand même les protectionnistes auraient réussi à produire un mouvement de hausse pendant les premières saisons, en nous réservant tous les débouchés intérieurs, je n’en serais pas ébranlé, parce que je prévois le lendemain, c’est-à-dire le jour où tous les entrepôts français seraient combles. Mais ce len demain est arrivé depuis longtemps. Ce ne sont pas les produits qui manquent aux commandes, ce sont les comman des qui font défaut aux producteurs. La lutte entre les libre-échangistes et les protectionnistes n’est pas une lutte de chiffres, c’est la bataille des principes. D’un côté, la liberté et le pro grès; de l’autre, la routine et l’égoïsme. On peut se représenter dans le passé l’Europe morcelée en une infinité de petits Etats, et les Etats en forteresses luttant les unes contre les autres. Quand l’Etat était un peu grand, il se subdivisait en provinces ayant chacune scs monopoles, barrières ou rem parts. Tous les producteurs étaient enfermés chez eux, consommant leurs produits sur place ou dans un rayon...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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