Extrait du journal

Le Syndicat des ouvriers et employés de Marseille nous adresse la lettre sui vante, dont il nous demande l’insertion : Marseille, le 26 septembre. Monsieur le directeur, Dans votre estimable journal, numéro de ce jour, vous voulez bien vous occuper du conflit actuel existant entre notre direction et nous. Mais vous n otes pas très renseigné, ce qui fait que faussée est 1 impression qui se dégage de l’article que vous nous consacrez. Afin d’é clairer votre religion et celle du public qui, en la circonstance, est intéressé au premier chef, nous vous prions de vouloir bien insé rer la lettre ci-dessous que nous avons adresdée à M. le maire de Marseille, et qui met les choses au point : Monsieur le maire, Avant d’entrer en conflit avec notre direc teur, nous avons le devoir, au nom du person nel des tramways, de vous tenir au courant de la situation dans laquelle nous nous trou vons actuellement. L’année 1913 est, sans conteste, pour le per sonnel une année des plus pénibles, au cours de laquelle nous avons supporté allègrement le surmenage qui nous était imposé. C’est ainsi que la Compagnie a diminué le personnel préposé à l’entretien du matériel, au grand détriment de ce dernier, et ce, malgré nos observations réitérées. La Compagnie a également diminué le ser vice sur la presque totalité des lignes, quoique sachant parfaitement que le persounel seul en ferait les frais. En effet, la recette kilométrique est telle qu’il serait difficile de l’atteindre à nouveau, à moins de diminuer encore le service et d’en tasser les voyageurs comme dans le Métro, à Paris. Alors que, dans toutes les grandes villes de France, les trains composés de deux ou trois remorques sont véhiculés par des motrices mu nies de frein à air comprimé, notre Compa gnie n’a pas craint de nous faire conduire ces trains avec nos voitures ordinaires. De sorte qu’avec le matériel actuel, nous pouvons affir mer que c’est, grâce à notre sang-froid et à notre habileté professionnelle qu il ne s’est pas produit do plus graves accidents. Enfin, la pénurie du personnel ayant mis notre Compagnie dans un grand embarras certains jours de fête, notre administration n’hésita pas à nous suspendre nos jours de congé — souvent sans nous consulter — bien que notre règlement de travail stipule que : « Les jours fériés, les congés pourront être re tardés de quelques jours après entente avec le personnel. » Nous ajoutons que plusieurs centaines de congés sont encore dus au personnel depuis plusieurs mois et que les jeunes employés en ont été privés durant tout l’été. C’est vous dire jusqu à quelle limite le per sonnel a poussé le dévouement ou la faiblesse — comme l’on voudra — pour prendre les in térêts de notre Compagnie. Or, pendant que notre administration en prenait ainsi à son aise à l’égard de son per sonnel, nous avons demandé le relèvement des salaires des ouvriers des dépôts et de l’ate lier, avec l’espérance que l'on tiendrait compte de notre bonne volonté. La réponse fut négative d’abord, injurieuse ensuite. En effet, notre directeur nous répondit d un ton cassant et autoritaire : Les ouvriers qui ne sont pas contents n'ont qu'à partir. Nous avons également essayé de liquider la question des blessés en service — question à laquelle vous vous êtes déjà intéressé — en...