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Le Petit Marseillais, 28 mai 1905

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Le Petit Marseillais
28 mai 1905


Extrait du journal

Nous avons tous ri, comme de petites folles, quand nous avons entendu Pelletan terminant son discours, objurguer la Chambre de ne plus faire obstruction au projet de loi en semant la discussion d’incidents continuels et en introduisant sans cesse des changements au texte de la commission. Il y avait matière, en effet, à douce gaieté ; car jamais on n’a plus naïve ment prêté aux autres ses propres pro cédés. C’est Pelletan, et c’est la déléga tion des Gauches qui nous ont fait per dre toute la semaine en discussions byzantines, et, s’ils n’avaient pas imposé à la commission un texte nouveau, il y a longtemps que nous aurions franchi le cap de l’article 6. Ces obstructionnistes, qui crient à l’obstruction, ne ressemblent pas mal à ces pickpockets qui s’enfuient dans la rue, en criant : « Au voleur ! » Ils confessent eu <-mêmcs leur cas, en répétant sur tous les tons et par toutes les voix, que leur article ne change rien à l’article 4. S’il n’y change rien, il est inutile, et alors pourquoi le présenter ? Et s’il y change quelque chose, que signi fie cette tartuferie ? Point, disent-ils, il précise. Hélas ! quand un orateur commence par pro noncer ces mots : « Je vais préciser », je tombe dans une inquiétude mortelle et toujours justifiée ; au bout de quelques minutes, la question est tellement embrouillée que personne n’y comprend plus rien, et je suis tenté de m’écrier : « De grâce, cessez de préciser, si vous voulez que j’y voie encore un peu clair. » On a tellement précisé dans la séance de jeudi, que 10 heures sonnaient à toutes les pendules, quand les rares pas sants du pont de la Concorde purent voir des hommes blêmes et piteux sortir len tement des grilles du Palais-Bourbon. C’étaient les députés qui, dans un état comateux, cherchaient un vague dîner, après vingt heures de travail sans aucun résultat. Et cela faisait penser au pauvre Samson, que les méchants Philistins avaient condamné à tourner une roue, en ayant pris soin de l’aveugler préalablement afin qu’il ne pût voir qu’il ne broyait que du vide. Talazac était merveilleux dans ce rôle : les députés y sont moins bons. Cependant, ils ont aussi leur petite valeur, plutôt comique. Vous n’êtes pas...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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