PRÉCÉDENT

Le Petit Marseillais, 30 avril 1907

SUIVANT

URL invalide

Le Petit Marseillais
30 avril 1907


Extrait du journal

papier qu’il colla dans la cage de l’es calier. Quelle ne fut pas la stupeur de M. Coltat-Chamot, lorsqu’il reçut assigna tion d’avoir à comparaître devant le commissaire de police de son quartier. — Vous avez publiquement, lui dit ce magistrat, tenté de noircir la réputation d’un citoyen par des accusations inju rieuses. Je regrette de vous informer que vous serez traduit en police correction nelle. Tout me porte à croire que vous serez condamné. La peine n’est pas petite : de trente jours à six mois de pri son, et de cinquante à deux mille francs d’amende. — Mais, objecta M. Coltat-Chamot, puisque c’est mon opinion, à moi, que le monsieur qui habite au-dessus de ma tête est capable de tout, j’ai bien le droit de le dire ! — Vous voyez que non, repartit le commissaire de police. — Cependant, je n’ai commis qu’un délit d’opinion. Et l’on m’a affirmé qu’il était impossible d’être condamné pour un délit d’opinion. — Il n’y a délit d’opinion, répondit le magistrat, que lorsqu’on dit du mal du gouvernement et. par extension, de la patrie, de la société, de l'armée, de la morale. Dans tous ces cas, on ne vous fera rien. Je ne sais pas si c’est dans la loi ; mais c’est un usage qui s’est établi. — Alors, si la personne qui me gêne était ministre, ou général, j’aurais pu en dire pis que pendre, ou même encoura ger mes concitoyens à tirer dessus ? — Ce n’est pas à moi à vous l’appren dre, dit le commissaire de police. Mais, entre nous,je crois que si vous vous étiez contenté de signer une affiche traînant le gouvernement dans la boue, ou bien encourageant les jeunes recrues à réser ver toutes leurs balles pour leurs chefs, on m’avertirait discrètement de vous laisser tranquille. Nous défendons en core quelquefois les individus, nous ne défendons plus la société. Autre temps, autres moeurs. M.Coltat-Chamot rentra chez lui bien étonné. Il ne comprenait plus rien à ce qui se passe dans son propre pays. Mais il tâcha de se consoler en pensant qu’il n'était peut-être pas le seul. PIERRE MILLE....

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

En savoir plus
Données de classification
  • piot
  • pichon
  • jouve
  • elisabeth m
  • nègre
  • montagnini
  • de sarnac
  • ben amor
  • kœnig
  • negro
  • france
  • bolivie
  • paris
  • allemagne
  • marseille
  • rhône
  • oran
  • arica
  • angleterre
  • munich
  • université de paris
  • la république
  • faculté des sciences
  • iu
  • parlement
  • m. n
  • académie des beaux-arts
  • société protectrice des animaux
  • médiat