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Le Petit Marseillais, 8 février 1905

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Le Petit Marseillais
8 février 1905


Extrait du journal

Lorsqu’un léger bruit, rasant le sol, et qui n’étàit cependant pas la calomnie, se mit à courir la’ poste le long du boulevard, à tra vers les coulisses et les bureaux de rédac tion,répandant partout la bonne nouvelle que Coquelin cadet, roi du monologue, exercerait bientôt sur un autre théâtre cet emploi de Scapin qui fit longtemps sa gloire, on crut d’abord à une mystification. On alla s’imaginer que Scapin n’avait pas le je ne sais quoi parlementaire et rien n’était moins raisonnable, car enfin une certaine rouerie n’empêcha jamais un ambitieux de réussir. Quelques personnes, évidemment mal renseignées, pensèrent, je ne sais pourquoi, qu’un acteur qui excellait dans le monologue n’avait pas en lui l’étoffe d’un orateur, comme s’il existait une bien grande différence entre les drôleries qu’on débite sur les planches et ces discours, en apparence sérieux, qu'on prononce à la tribune. Quelques-uns enfin s’avisèrent de croire qu’un artiste habitué à réciter la prose des autres serait incapable d’improvisation, même de cette improvisa tion longtemps travaillée qu’un législateur médite et prépare à loisir, par respect pour les autres et pour lui. Ils étaient convaincus que sa mémoire, trop bien meublée, jouerait inévitablement de mauvais tours à Cadet, et, séance tenante, ils ébauchaient, à son inten tion, le canevas d’un monologue : « Le Pla giaire malgré lui, ou le sénateur qui se sou vient quand il parle. » Le fait est qu’il a une mémoire d’ange et, s’il faut en croire ses amis, n’oublie rien de ce qu’il a lu, ne fût-ce qu’une seule fois ; et le voyez-vous d’ici, récitant alors qu’il croit improviser, apostrophant les hommes qui nous gouvernent : Bon appétit, messieurs, ô ministres intègres l Ou bien, répondant à un adversaire sans courtoisie et sans tact qui lui ferait un crime de porter la livrée au théâtre : J'al l'habit d'un laquais, mais vous en avez lâme. Ou, enfin, toujours victime de cette mé moire*. à la fois si heureuse et si malheu...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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