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Le Petit Marseillais, 9 janvier 1905

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Le Petit Marseillais
9 janvier 1905


Extrait du journal

linéiques journaux ont raconté que, tout en reconnaissant que le général Stœssel avait vaillamment défendu la place dont le commandement lui avait été confié, les japonais avaient osé déclarer qu'il laisse rait une tache durable sur sa réputation militaire, pour avoir mis hors d’état de servir les navires qui. lui restaient. Une telle apprécitation doit être considé rée connue mal fondée, car les actes de cette nature sont absolument conformes aux lois et règlements en usage parmi les nations civilisées.Et afin de justifier s’il les a exactement exécutés, le commandant d’une place qui capitule est appelé à ren dre compte de sa conduite. Par suite, les conseils d’enquête convo qués après la guerre 1870-71 ont infligé un blâme sévère aux trop nombreux officiers qui ont négligé de se conformer à ces près criptions. D’autre part, ceux qui ont fait leur devoir à cet égard, ont été approuvés. Ainsi, pour la capitulation de La Fère, le 27 novembre 1870, il a été reconnu que la ville possédait des moyens insuffisants de défense, et le conseil d’enquête, assem blé le 18 avril 1872, a loué le capitaine de frégate Planche, qui commandait la place, d’avoir prescrit, avant la capitulation, de détruire les armes, d’enclouer les canons, de noyer les poudres, et d'avoir mis les affûts hors d’état de servir. Pour la capitulation de Mézières, surve nue le 1er janvier 1871. le conseil d’enquête, assemblé le G mai 1872, a constaté que le commandant de la place n’avait pu dé truire les munitions à cause de l’incendie de la ville .et du manque d’eau par suite de la gelée. Si, pour la capitulation de Metz, le comseil de guerre, réuni le 10 décembre 1878, n’a pas reproché au maréchal Bazaine de ne pas avoir agi comme le commandant Planche, c’est parce qu’il l'a déclaré, à l’unanimité, coupable d’avoir capitulé sans avoir fait tout ce que lui prescrivaient le devoir et l’honneur, ni comme étant à la tête d’une armée en rase campagne, ni comme commandant d’une place de guerre. Aussi a-t-il été condamné à la peine de mort, avec dégradation militaire. L'oubli des prescriptions formelles du règlement, seulement en ce qui concerne la destruction du matériel de guerre, peut avoir les plus graves conséquences, surtout ’Jans les places de guerre de premier ordre, jui possèdent des approvisionnements con sidérables. Il est donc permis d’être surpris que le lonseil d’enquête réuni le 28 janvier 1872 •xmr émettre son avis au sujet de la capitul ation de Strasbourg, survenue le 28 sepembre 1870, se soit contenté d’infliger un blâme au commandant de cette place, qui a laissé à l'ennemi un matériel intact, dont il s’est servi contre nous. Qu’il me soit permis, à ce sujet, de repro duire Ici un extrait des notes recueillies pendant cette néfaste campagne. En m’évadant de Metz, le lendemain de la capitulation de cette place, pour venir reprendre les armes, au lieu d’aller en captivité, j’ai traversé Strasbourg, le 3 novembre, et j’ai parcouru la ville sous un déguisement, pour voir l’état déplorable dans lequel elle se trouvait après un bom bardement de deux mois. Au moment où je suis passé devant l’ar senal. dont les murs qui restaient debout semblaient calcinés par l’incendie, des sol dats prussiens étaient occupés à refaire des pyramides de boulets ; d’autres avaient soulevé une lourde pièce d'artillerie, parmi celles qui étaient couchées sur le sol, et la hissaient sur un chariot. D'un coup d'œil je compris que la voiture, l’attelage et la pièce avaient fait partie de notre matériel. Un peu plus loin, je suis entré dans la citadelle que je voulais visiter, muni d'un sillet d’entrée que l'on vendait un thaler 3 francs 78) au profit des pauvres, et que i avais placé à mon chapeau d'emprunt, pour avoir l’air d’un touriste. De cette belle citadelle, qui, à l'intérieur, ressemblait autrefois à une ville, où plu sieurs régiments logeaient à l'aise, il ne lestait pas un pan de mur des anciennes constructions ; et, du milieu des pierres Hanches qui jonchaient le sol, émergeaient de tous côtés des débris de meubles, de vêtements, et des carcasses en fer de la iiterie militaire. A défaut d'un local, le poste de service avait été installé sous un abri en planches....

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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