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Le Petit Parisien, 15 février 1931

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Le Petit Parisien
15 février 1931


Extrait du journal

J'ai sur ma table vingt livres nouveaux qui parlent de la guerre ; ce sont les seuls livres dont on parle— Où est le temps qui n'est pas loin tain où quelques confrères s'attachaient à souligner une erreur et une illusion parce que je prédisais un grand succès à certains livres, voire à certains livres allemands, consacrés uniquement à te, guerre... Voyons, me disait-on, la guerre, c'est un sujet épuisé, maintenant !... Personne ne veut plus en entendre par ler... Du reste, les éditeurs refusent tous ouvrages sur la guerre... Du reste, les di recteurs de théâtres parisiens jettent au panier tous les manuscrits où il est im prudemment question de la guerre— Je répliquais : L'humanité ne pourra tout de même pas oublier de sitôt ce tremblement de terre de cinq années que fut la guerreLa guerre hantera les esprits, obsédera les mémoires longtemps, longtemps... Et la guerre, longtemps, pèsera sur la paix re trouvée... La guerre durera... dans la paix— ... Ce sont des films sur la guerre qui viennent d'obtenir le succès le plus grand et le plus prolongé, le plus popu j laire... et le plus mondain... On lit toujours le Feu. de Barbusse, et | les Croix de bois, de Dorgeiès... A l'ouest j rien de nouveau a valu à son jeune ! auteur. une célébrité immé -1 di3te et fantastique, une fortune instan tanée et formidable— On pourrait dire aujourd'hui qu'on parle presque trop de la guerre et qu'on com mence à commercialiser avec quelque sans gène, si ce n'est à « mercantiliser x, le tragique, le sanglant, l'héroïque et funèbre temps de la guerre... (Dans des pays d'outre-Àtlantique, ce sont des films sur la guerre qui passent sur presque tous les écrans... Mais ce sont des filmS qu'on ne verra jamais en Europe, parce qu'ils ne seraient nulle part tolérés en Europe, tellement ils sont puérils, vains, faux et visiblement tendancieux...) ... On n'oublie donc pas la guerre... La guerre ne se laisse pas oublier... Tous les grands problèmes internationaux qui préoccupent les gouvernants et les diplo mates sont issus de la guerre... Nos moeurs ont été bouleversées par la guerre... Nos habitudes ont été changées par la guerre... La vie chère est due à la guerre... Et la crise du logement !... Enfin, les combattants ne peuvent pas ne pas penser encore à la guerre, à toutes les souffrances qu'ils ont endurées, à tout ce qu'ils ont subi : les veuves, les parents, les orphelins ne peuvent pas non plus chasser la guerre de leurs souvenirs endeuillés. Oublier la guerre ? Mais, le 12 février 1931, le ministère des Pensions dut encore communiquer la petite note si sombrement tragique que tout le monde aura lue : * Dans la région de Drouville (Meur the-et-Moselle), il a été exhumé d'une tombe nouvellement découverte le corps d'un sergent français inconnu, porteur d'une chevalière en or aux initiales « N. R. » et d'une alliance en or gravée < M. G. M. R., 23 novembre 1909 x... Les morts eux-mêmes se lèvent pour nous parler de la guerreMaurice PRAX....

À propos

Le Petit Parisien est un grand quotidien français, publié entre 1876 et 1944. Il était l’un des principaux journaux sous la Troisième République.

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