Extrait du journal

On nous donne des nouvelles du triste chenapan qui, dans i express de Dieppe, attaqua deux voyageurs, blessant l'un d'eux très grièvementDans la prison de Pontoise, où il est temporairement logé, cet aimable (eune homme dort d'un bon sommeil tranquille et reposé... Son appétit est excellent... Et voilà bien des nouvelles effrayantes, désespérantes et tragiques... Sans excuse aucune, ce jeune gredin. qui appartient à une excellente famille, qui a eu une enfance heureuse, qui a tou jours été bien conseillé, a commis un for fait impardonnable— Et il ronfle, sans cauchemars, sans remords, dans sa cel lule... Il s'est déshonoré et il est calme et dispos... Il a logé une balle, dans le ventre d'un malheureux homme qui lutte actuellement contre la mort, et il « ne s en fait pas »... Il ronfle !... Il y a plus monstrueux encore : lè petit Bis de famille doit bien se douter aujour d'hui de l'effroyable dbulëur dans laquelle il vient de plonger ses malheureux parents, qu'on ne saurait trop plaindre, que l'on plaint avec grande pitiés. Au moins, en pensant aux siens, qui l'ont choyé, qui l'ont aimé, qui ont voulu l'élever dignement, honnêtement, qui ont fait pour lui tant de sacrifices, il devrait avoir le cœur fendu, la tête folle— Il ne devrait même pas pouvoir respirer. Car il a commis deux crimes : l'un contre un inconnu, l'autre contre son père et sa mère- Moralement, il est aujourd'hui comme un parricide... Mais non... Il c repose > on nous !e dit en toute quiétude... Ça. c'est terrible !... Et ce garçon, ce mince adolescent déjà criminel est pareil à d'autres jeunes gredins qui ont eux mêmes fait tristement parler d'eux avant lui- Ce n'est pas la misère qui pousse au crime cette jeunesse dévoyée, c'est le vice, et c'est on ne sait quoi : c'est on ne sait quel instinct féroce, brutal et halluciné— Ça, c'est terrible... On ne trouve rien chez ces assassins de vingt ans— Ni sen sibilité ni conscience— On dit, par les temps Idylliques que nous vivons, que les crédits sont gelés... Il y a aussi beaucoup de cœurs gelésMaurice PRAX....