Extrait du journal

Cette émouvante surprise parait insigniflante auprès de la rencontre que fit non plus une barque mais un trois-mâts hollandais, le Cornélis, au large de San-Franoisoo. Le navire fut si violemment heurté qu'il s'arrêta. On jeta la sonde qui accusa trois cents brasses de fond. Aucun récif. Au moment où l'on s'égarait en conjectures, une tentacule gigantesque, couverte de centaines de ventouses, surgit de la mer et s'abattit sur l'avant qu'elle attirait presque au ras de l'eau. On ne put s'en débarrasser qu'au moyen de la haohe. Mais aussitôt deux autres tentacules s'enrodlaient l'une dans les haubans, l'autre au cabestan. Trois nouvelles tentacules se hissèrent encore, et nomme les précédentes il fallut faire diligence pour les couper. Le Comélis rentra au port avec ces débris, non sans avoir couru péril. On se demande oe qui serait advenu s'il avait été attaqué non par un individu seulement, mais par une bande. Mais de toutes les espèces, la baleine est la plus justement redoutée. Il n'est pas d'année où elle n'aborde un navire et ne le menace de perdition. Ce n'est pas en vain qu'elle a été proclamée la « reine des mers ». Elle est tout à la fois le plus monstrueux et le plus agressif des animaux qui vivent sur l'onde. Elle n'a pas de dents et sr mâchoire inférieure n'est qu'une large lèvre mobile, mais les fanons qui garnissent sur les côtés sa mâchoire supérieure sont des lames cornées, noires, fibreuses, de la forme d'une faux, qui forment dans la vaste cavité ou bouche d'effroyables broyeurs. Certes. on n'en est plus à croire, aveo Pline, que la baleine atteigne la dimension de 500 mètres. On a laissé ces contes aux Mille et une Nuits. Mais il n'est pas rare qu'elle dépasse 35 et 40 mètres, soit armée de 5 à 600 fanons, et qu'avec sa tète énorme, ses nageoires et ses ailerons sur le dos, elle n'invite les bâtiments qui passent à se garer d'elle....