Extrait du journal

école dramatique, mais son théâtre ne l'avait guère enrichi. Que de légendes s'étaient accumulées autour de lui, à cause de sa verve ter rible et de ses mots à l'emporte-pièce, qu'on colportait ! Sans doute, il avait la dent dure et l'esprit le plus acéré. Mais, cet esprit cruel, il ne l'avait que contre ceux qui lui avaient été vraimfent trop injustes : il se défendait, et il se défen dait bien. Ceux qui l'ont approche de près savent qu'il y avait de la sensibilité sous ce masque. Ce Parisien caustique, au rire redoutable, avait gardé de la re connaissance, chose rare 1 pour de bons procédés à son égard datant de trente ans. Je ne veux pas dire qu'il lui déplût d'avoir cette réputation de batailleur. Mais le véritable Henry Becque n'était pas seulement dans ces ripostes viru lentes qui lui faisaient d'irréconciliables, ennemis. Il avait aussi des délicatesses de cœur qu'il ne cachait pas si bien comme d'autres cachent leurs vices qu'elles n'apparussent à ses amis. Seulement, il avait le juste sentiment de sa valeur, de l'action qu'il avait eue sur le théâtre contemporain, et il ne pouvait pas ne pas trouver comiques certaines renommées acquises par l'in trigue et l'entregent. Il ne se piquait pas d'être adroit, lui 1 II s'est peint, un jour, dans une brève pièce de vers : Pendant que les « forts » et les « sages » Comptent, trafiquent, font leurs prix, Acceptent tous les esclavages, Acceptent tous les compromis. D'autres, trop las pour tant de peine. Et qui resteront des témoins. Contemplent la mêlée fiumaine En riant dans les petits coins... ■* * *...