Extrait du journal

Dès le départ, les officiers firent à tous les passagers une démonstration minutieuse de l'emploi des ceintures de sauvetage. Ils essayèrent devant eux les appareils et leur indiquèrent la place où ils étaient accrochés sur le pont. « Ceci se passait dans le salon, dit M. de Varignv. A ce moment la machine s'arrêta, et l'on lit dire aux passagers de rester tran quille et de ne pas s'inquiéter. Naturelle ment, ils s'inquiétèrent, et c'est ce qu'on voulait. On fit en sorte d'accroître leurs appréhensions et de leur faire redouter une catastrophe, puis l'ordre fut donné subite ment : « Tout le monde sur le pont ! » Ils s'y ruèrent... Mais la chose s'arrêta là: il était inutile et dangereux d'aller plus loin et on leur dit qu'il n'y avait plus aucun dan ger. L'expérience, du reste, était faite, car, parmi ces passagers qui avaient sous la main les ceintures et venaient d'en appren dre l'usage, pas un n'avait eu l'idée de pro fiter de la leçon ; bien plus, plusieurs de ceux qui en étaient revêtus enlevèrent pré cipitamment l'appareil de sauvetage en cou rant vers le pont. Et quand, l'émoi passé, on leur demanda la raison de leur acte, pas Un ne sut la donner ; d'aucuns même ne se rendaient aucun compte de ce qu'ils avaient lait. »...