Extrait du journal

L’EBRANLEMENT La semaine n’a pas cté bonne pour les gouvernementaux et les réactionnaires. ►‘abord, faute d’élan et de cohésion, faute d’hommes aussi, ils n’ont pu empêcher l’élection présidentielle de M. Brisson. Il y a, dans le parti opportuniste et ré trograde, une lassitude, un désarroi, une hésitation qui ne lui permettent même plus de mettre en ligne toutes ses forces numériques. Puis, deux fois en quelques jours, une fois à propos de la Légion d’honneur et de la proposition de notre ami Roua net; il y a trois jours, à propos de la motion que j’ai déposée au nom du groupe socia liste, le ministère a été mis en minorité, car lorsqu’un ministère pose la question de confiance et qu’il n’est sauvé que par ses propres voix, il est condamné. Quand le président proclama l’autre jour que notre motion d’ajournement était repoussée par quatre voix seule ment, un des chefs opportunistes dit à demi-voix : « C’est le même vote qu’à propos de l’amendement à la loi sur les anarchistes. » Il se trompait et j’ai pu faire à l'Officiel, sur la liste des votants, une bien curieuse constatation. Il y a cinq mois, quand j’ai demandé à la Cham bre que tous les hommes publics mêlés à des affaires suspectes fussent considérés comme ayant provoqué à des actes d’a narchie, la proposition fut votée par la gauche avancée et par la plus grande partie de la droite. Celle-ci, qui avait mené un moment, à propos du Panama une campagne politique si ardente, ne pouvait pas se désavouer si vite elle-même. Cette fois, au contraire, sauf quatre ou cinq exceptions, la droite a couvert, au tant qu’il était en elle, les scandales de la compagnie des chemins de fer du Sud. Qu'est-ce à dire, sinon que sa belle indi gnation vertueuse au temps du Panama n’était qu’une attitude? Maintenant que par le ministère Dupuy elle a part au gouvernement, maintenant qu’elle a élevé à la présidence de la République le repré sentant de l’esprit orléaniste et de la puissance de l’Argent, elle est pleine d'in dulgence pour toutes les voleries, et elle revient à son instinct qui est de protéger tous les brigandages financiers. Au con traire. bien des républicains modérés qui au mois de juillet, avaient repoussé mon amendement parce qu’ils craignaient de faire échouer la loi sur les anarchistes, dégoûtés maintenant de l’impunité assu rée à tous les grands coupables, ont voté cette fois avec nous. Et uest tout ensem ble par les voix des ministres et par les voix de la droite que le ministère a été sauvé samedi. 11 y a donc une croissante désorganisation de la majorité gouverne mentale. A chaque instant, d’ailleurs, les fautes lourdes commises par ces prétendus hom mes de gouvernement se retournent contre eux. J’ai dit plus d’une fois, qu’ils s’étaient créés à eux-mêmes, par l’affaire Mirman, des embarras inextricables. Ah ! quels grands hommes d’Etat ! Ils ne veulent pas, disent-ils, que la politique pénètre dans l’armée, et voilà que, par leur mé chanceté maladroite et têtue, des puni tions militaires sont discutéesà la tribune de la Chambre. Voilà que le nom d’un soldat «. du chasseur Mirman », comme le disait le ministre de la guerre, figure tous les jours dans les votes de la Chambre et...