Extrait du journal

assaut courtois. « Excusez-moi. Pardon, Madame ». La rudesse s'alliait à une sorte de provocation ; aujourd’hui, on s’efface, on prend la peine de dire deux mots aimables. Tendance générale. Aussi bien fémi nine que masculine. Et là, on peut faire une prédiction. La femme avait cherché à ressembler à l’homme, elle voulait être son égale, elle le traitait comme tel, si non en inférieur, elle s’habillait presque comme lui, la voici adoucie, retournant à sa véritable vocation où elle eut tant de victoires. De nouveau, elle est sensi ble aux hommages, le genre mufle ne la séduit plus, la finesse et le bon ton sont de nouveau de rigueur. Et il y aura d'autres répercussions qu’il est facile d’annoncer sans être grand prophète. La I>olitesse décrétera qu'on ne fume plus à table dès le potage, même si le grand ro mancier en brûle d’envie ou si la petite folle attardée sort son étui de laque. La politesse décrétera qu'à une soirée de gala, il vaut mieux s’habiller comme il convient et non pas venir en costume à carreaux avec une large casquette amé ricaine. Nous avons été assez faibles pour consentir que des visiteurs nous donnent un mauvais exemple qu'ils ne donne raient pas chez eux. Nous avons été as sez sots pour imiter leur sans-gêne et leur laisser-aller. Nous redevenons nousmêmes afin de reprendre dans le monde ce renom du Monsieur qui est décoré, qui ne sait pas la géographie, mais qui est poli. Peut-être n’aviez-vous pas pensé à tout cela, mais maintenant que votre ohsei> vation prévenue en vaut deux, examinez, écoutez et vous verrez que le retour des bonnes manières est une chose qu’on peut officiellement annoncer. Paul-Louis HERVIER....