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Le Progrès de la Côte-d’Or, 24 novembre 1931

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Le Progrès de la Côte-d’Or
24 novembre 1931


Extrait du journal

Je crois que jamais encore la démons tration n’a été donnée aussi éclatante, aux veux de tous, du lien qui rattache les questions agricoles et les questions industrielles. Lorsque les leaders de l’agriculture française protestaient, il y a quelques mois encore, contre ce fait que, dans notre pays, l’agriculture, qui intéresse plus de la moitié de la population, qui fournit plus de la moitié des richesses nationales, n’a cependant qu’une place de second ordre dans la direction géné rales des affaires publiques, nombreux sont ceux qui pensaient qu’il y avait là une sorte de jalousie mal placée de spé cialistes aigris, une manifestation nou velle du tempérament quémandeur que l’on attribue, d’une façon classique, aux agriculteurs. Aujourd’hui, cependant, il est impossi ble de ne pas se rendre à l’évidence. Partout l’agriculture est reléguée au deuxième plan dans les préoccupations nationales et internationales ; ce ne sont, un peu partout, que discussions sur des problèmes bancaires, sur des problèmes industriels, sur des problèmes de chô mage. L’humanité tout entière semble comme suspendue à la solution de problèmes d’ordre strictement manufacturier, com me si ceux-ci étaient les seuls problèmes qui puissent intéresser les hommes de notre vingtième siècle. Si un Martien ou quelque autre habi tant supposé d'une planète lointaine n'avait d’autre moyen de se représenter l’état de la civilisation sur notre globe, à l’époque où nous vivons, que par la lecture de nos journaux, nul doute qu’il lui serait impossible de se figurer qu'il existe encore des agriculteurs sur notre globe et que ceux-ci y sont eu nombre tel qu’au total ils comprennent encore plus de la moitié des humains. Cette prééminence des problèmes d’or dre industriel s’explique d’ailleurs à merveille, et il serait absurde, par un préjugé inverse de celui que nous cons tatons, de leur dénier toute importance. Le propre des crise* industrielles, c'est d'être violentes, rapides et de menacer sans délai l’équilibre des nations. Qu’une crise de crédit s’abatte sur un pays comme l'Allemagne, par exemple, qu'une crise de chômage se développe dans une nation hier encore prospère, comme les Etats-Unis, aussitôt tout l’édi fice de la production est dangereusement ébranlé. Les crises industrielles sont donc avant...

À propos

Le Progrès de la Côte-d'Or était un journal républicain radical basé à Dijon, fondé en 1869 par l'homme politique Joseph Magnin, conseiller municipal de Dijon puis membre éminent du gouvernement de la Défense nationale et enfin sénateur innamovible. Grand titre de presse régional, il cessera finalement de paraître à la Libération, en 1944 comme la plupart des journaux ayant continué de paraître sous l'Occupation.

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