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Le Siècle, 1 octobre 1849

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Le Siècle
1 octobre 1849


Extrait du journal

écrivains chargés de défendre la politique suivie par le Siècle auront à-faire leur tâche, si têche il y a; ils tireront des faits, des impressions dont nous allons tâcher d'être le narrateur fidèle, telles conclusions qu'ils jugeront convenables. Notre tâche, à nous, se borne, conteur impartial, à vous dire ce dont nous avons été témoin, et à apprécier l'œuvre au point de vue littéraire et dra matique. Ce qui se passait à l'extérieur et à l'intérieur de la salle était tout à fait extraordinaire; il y avait foule au dehors, foule au de dans. — L'autorité avait évidemment pris de grandes précautions ; nombre d'agens de police circulaient; la garde était nombreuse.— Quelques jours avant la représentation, et pendant toute la journée d'hier, des lettres avaient été échangées entre le ministère de l'in térieur et la direction. — La direction, qui avait fait des frais con sidérables d'argent et de temps pour monter cette œuvre, — puis que le théâtre fait relâche depuis plus de quinze jours, — désirait 1 intervention de l'autorité avant la représentation; on voulait une espèce de visa-, on espérait obtenir, promettant de se soumettre d'avance à toutes les prescriptions ministérielles, ubo sorte de blanc-seing qui mît à l'abri d'une interdiction. Le ministre de l'intérieur fut sourd à toute demande; il déclara que la censure était abolie; qu'il n'avait, quant à présent, aucune mesure préven tive à prendre; que son devoir l'obligeait à aviser après la repré sentation; mais qu'en l'absence de tout texte de loi qui donnât force et autorité à ses volitions, il entendait rester dans la légalité la plus étroite. Mais si le ministre avait refusé d'intervenir avant le lever du ri deau, il avait pris de nombreuses.et minutieuses précautions pour être informé ae ce qui allait se passer. Plusieurs hauts fonction naires du ministère de l'intérieur occupaient une loge de face ; M. le préfet de police avait envoyé trois ou quatre commissaires, et à chaque acte une ordonnance partait avec un mot à l'adresse du se crétariat du ministère. Les émotions qui avaient atteint nos premiers fonctionnaires avaient gagné le public; aussi n'y avait-il pas un nom célèbre dans la littérature et les arts, une plume quelconque, une illustra tion d'aucun genre, qui ne fut accouru au boulevard. — On voyait là, ce dont on est témoin aux drames qui ont été annoncés long temps à l'avance,'mais dont le jour de la première représentation est incertain pour tout le monde, aux places les plus infimes, telle belle dame qum'apparaît"jamais d'ordinaire qu'aux loges d'avantscène; dans une modeste stalle d'orchestre, un financier, million naire qui aurait pu louer la salle entière pour lui tout seul ; çà et là, partout, à tous les étages, des auteurs, des artistes, des gens de...

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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