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Le Siècle, 14 juillet 1882

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Le Siècle
14 juillet 1882


Extrait du journal

MICHELET Hier On inaugurait le monument élevé à Michèle t. Cette cérémonie tombait bien ainsi, la veille du 14 juillet, car volon tiers on associe le nom du grand historien à cette fête. Ce n'est pas seulement parce qu'il a raconté l'événement de la prise de la Bastille avec des accents superbes ; ce n'est pas seulement parce qu'il a parlé de la grande fête de la Fédération de 179(1 avec un sentiment profond de l'époque, c'est surtout parce que, plus vivement que personne, il a fait revivre le passé de la France, il a exprimé les souffrances et les héroïsmes de nos ancêtres, tcompris leurs pensées, dégagé des institutions, des mœurs , des préjugés éphémères , l'enchaînement d'efforts, d'espérances, de sacrifices, de travaux, qui constitue à la fois la tradition et l'originalité de là na tion française. Michelet a été l'historien par excellence, celui qui correspond le mieux aux be soins intellectuels d'une démocratie. A côté du labeur qu'on peut considérer comme la substance même de l'histoire, à côté de la reconstitution des faits, l'his torien poursuit souvent un autre but, but spécial et variable, sorte de philosophie ou d'enseignement qui doit se dégager de son œuvre. Michelet n'en a pas d'autre que celui de l'histoire même : rendre la vie. L'histoire est une résurrection, a-t-il dit. C'est la pensée qui l'a constamment ins piré , poursuivi, persécuté même. Il est de ceux qui croient que le passé doit être la perpétuelle leçon du présent. En effet, son histoire a été une révéla tion. Sans doute d'aurtes, comme lui, ont affirmé la solidarité de l'ancienne France et.de la France contemporaine; quelqués-uns ont appuyé leurs conclusions sur des arguments ingénieux , sur de savantes recherches. .Mais Michelet a réalisé ce que personne n'avait pu fai re avant lui ; cette solidarité, il l'a prouvée. Dans l'esprit des hommes de...

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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