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Le Siècle, 24 février 1837

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Le Siècle
24 février 1837


Extrait du journal

de rapprocher ses discours et sa conduite, de mettre face à face ses paroles et Ses actes, oii verrait qu'il n'est pas une circonstance im- ! portante où il n'ait été obligé d'user de la plus manifeste duplicité pour mener à fiu ses desseins sans soulever complètement contre lui l'opinion méfiante et désaffectioflnée. Signalons seulement deux ou trois faits qui s'accomplissent en ce moment sous nos yeux. Après le désastre de Constantine il n'y a eu qu'une yoix en France sur là nécessité où l'on était, dans l'honneur et l'intérêt du pays, de. venger avec éclat un revers qui, en compromettant notre position en Afrique, avait eu dans toute l'Europe un fâcheux retentissement. Le ministère,; ne pouvant contrarier ce sentiment national, a paru d'a bord le partager avec une conviction profonde- Des préparatifs ont été ordonnés sans retard et avec, quelque ostentation ; pius;que personne 1 les ministres -étaient pressés de venger la gloire de nos armes, et de punir, un ennemi qui avait profité contre nous de l'inclémence de la saison. Mais à ce premier enthousiasme, calculé pour faire prendre le , change aù*pays, ont bientôt succédé les retards et les;contre-ordres;, on ne dit point qu'on ne fera pas l'expédition, mais on en diffère les apprêts, on en exagère les difficultés; on finira peut-être par la faire, mais on se dispose déjà à s'en servir pour arriver au dessein, qu'on 11'ose cnQore dévoiler ouvertement, de réduire notre conquête à une occupation restreinte, qui ne serait que le premier pas vers un aban don définitif. Ainsi, quant à l'Algérie, dans les paroles, la consolida tion de la conquête; dans les. faits, l'abandon. Tout ce qu'il y a chez nous de gens éclairés savent que la révolu tion de 1830 atout au moins refroidi pour la France les puissances du Nord, et que le moyen le plus efficace de braver ce refroidissement sans sacrifier ce qui reste de la révolution, c'était une alliance intime avec lés puissances dont les intérêts politiques s'accordent avec les nôtres. De là nos sympathies pour une régénération en Espagne.--Sans oser contrarier ouvertement ces sympathies, le ministère n'a rien né gligé pour désunir la France et l'Espagne. Il a protesté de sa fidélité aux stipulations de la quadruple-alliance, de l'intérêt qu'il portait à la reine constitutionnelle, et puis il a eu recours à l'hypocrisie habituelle de sa politique pour agir sourdement contre ses paroles ostensibles. Il s'est hâté de prétexter le bouleversement qui, disait-il, devait être la suite inévitable des événemens de la Granja, pour déserter notre alliance avec l'Espagne. Eh bien ! les événemens de la Granja n'ont eu jusqu'ici pour résultat que d'assimiler davantage le système cons titutionnel d'Espagne au nôtre, soit en lui donnant une source popu laire, soit en modifiant la constitution des cortès dans le sens de notre constitution de 1830, dans ses dispositions fondamentales. Ce résultat, que les passions du ministère n'avaient pas su prévoir, donne le dé menti le plus formel aux prétextes allégués par sa politique. Il est clair maintenant que c'est précisément à cause de la similitude des institutions d'Espagne avec nos institutions de 18a0 qu'il répudie la quadruple alliance, en déclarant qu'il ne songe qu'à' la mainte nir. Ainsi, quant à l'Espagne,fidélité à l'alliance, en paroles; et dans les faits, désertion patente. L'affaire de la conversion des rentes présente les mêmes caractères manifestes de duplicité. En paroles, le ministère respecte la volonté de la chambre, il reconnaît les avantages de la conversion; dans ses actes, il se moque de la décision législative, il n'est revenu au pouvoir que pour la fouler aux pieds; il multiplie, sous une hypocrite appa rence de soigner les intérêts matériels du pays, tous les obstacles qu'il peut imaginer pour rendre la conversion impossible. Le ministère avoue que le mobile qui a poussé la nation française à la revendication des droits politiques, c'est le désir de surveiller le pouvoir, de contrôler ses actes ; il reconnaît explicitement que ce but de la révolution est bon, utile, légitime. Et puis, quand la surveil lance s'établit, quand le contrôle s'exerce, s'il a quelque influence sur les mandataires du pays qui remplissent ce devoir, il les frappe et...

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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