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Le Siècle, 26 juillet 1846

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Le Siècle
26 juillet 1846


Extrait du journal

' qu'un grand mouvement se manifeste dans le port de Paris. La liberté > du dimanche est mise largement à profit : on part la veille, on ne re viendra que le lundi matin, à moins d'un naufrage ou d'un calme plat qui oblige les navigateurs-à rester en panne. Qui n'a pas rencontré quelques-uns de nos canotiers parisiens lorsqu'ils se rendent à leur bprd? Il serait difficile de les reconnaître alors, tant ils sont bien tra vestis. Leur tenue marine est de la plus scrupuleuse exactitude. Ils ont complètement dépouillé le costume de citadin pour revêtir la rude et pittoresque enveloppe du matelot. Les plus élégants à la ville, ceux qui portent ordinairement des hottes vernies, des gants jaunes et des habits taillés à la dernière mode, sont précisément ceux qui dé ploient le plus de rudesse dans le costume de matelot. IU ont la che mise de laine rouge ou- de cotonnade rayée, le pantalon de toile à voile soigneusement sali dans la manœuvre, le large caban de gros drap brun doublé de rouge, le chapeau cire ou le bonnet de laine ; et pour rendre l'illusion complète, ils ne négligent pas d'enduire leurs blan ches mains d'une couche suffisante de goudron. Avec cela, la courte pipe aux lèvres et l'air délibéré. — On, les prendrait pour de vrais Jean Bart. Ils se mettent cinq ou six, quelquefois plus, pour avoir un canot; les associés forment l'equipage, et les rôles varient pour que chacun puisse être à son tour capitaine, second, pilote, maître voilier, mous se, etc. Chacun remplit son emploi avec un sérieux admirable, étr il faut j les entendre parler la langue nautique Bordez l'écoute, fermez l'é- j coutille d'avant, larguez, carguez, ferlez, déferlez... — Il y aurait de 1 quoi chavirer cent fois, si on les prenait au mot; mais le3 termes de l'art ne sont, prononcés ici que pour la forme, et le matelot intelligent les traduit selon le besoin du moment. Les canotiers se servent de ces expressions techniques absolument comme nos gentilshommes débitent les mots anglais consacrés aux exercices du sport. : Leur navigation ordinaire les'conduit a Asnières, qui est leur port de prédilection. C'est à Asnières que les canotiers parisiens vont se ravitailler, se radouber et renouveler leurs provisions de biscuit, d'eau douce et de poisson salé. , y. Arrivés là, ils sont heureux de toucher terre, et ils se livrent à tou tes les joies des marins qui ont séjourné longtemps entre le ciel et l'onde. Ils se font servir dos banquets somptueux dans les auberg.es de la côte, et ils fraternisent avec les pêcheurs à la ligne. — Une étroite parenté unît le pêcheur à la ligne et le canotier : c est à peu près le même caractère et la même imagination....

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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