Extrait du journal

A quelle cause attribuer le froid spontané qui «nous a surpris, «presque pour nos étren• lies ? Les météorologistes les plus en renom expriment, à ce sujet, des opinions divergen tes, sinon tout à fait opposées. «Pour les uns, il est survenu à la suite des nombreuses et successives dépressions barométriques qui, «Pendant près de trois mois, nous ont valu tant de pluie et tant de bourrasques. Pour d’autres, au contraire, la faute en revient aux fortes «pressions qui s’étendent, depuis longtemps, de la «mer du -Nord à la Russie. Comme on le voit, et comme il en est eu toute occasion, les savants ne sont pas ex piessément d’accord, quant à la cause réelle ; mais pour eux, comme pour les vulgaires hu main'.-», le froid existe : il fait froid et même très froid. Et puis, vraiment, tout cela nous importe peu. Que le froid vienne d’ici, de lâ ou d’ail leurs, c’est absolument Rif kif. -Cg qui nous intéresse, c'est les très nombreuses misères qu’il amène «avec lui et qui lui font cortège. Qu’il arrive du Nord ou du Midi, de l’Est ou de l’Ouest, c’est bien indifférent aux pauvres diables qui le subissent, et dont la plupart sont sans moyens de le combattre. Aussi, les asiles de nuit sont-ils assiégés et bondés, et l'œuvre de l’Hospitalité se trouve-t-elle sur les dents. Les misérables sans abri y trouvent accueil pour trois nuits consécutives, mais les trois nuits écoulées, il leur faut faire place à d’autres. C’est aux approches de ces hôtel leries nocturnes (le la charité parisienne qu’il faut se mettre en observation, pour se rendre compte de la misère noire. Ceux qui les ont ouvertes font ce qu’ils peu vent, proportionnellement à leurs ressources. Ils ont été suivis, dans leur œuvre si humai ne, par Ja municipalité parisienne. -Malgré cela, lorsque le plein est fait, la (porte resl? partout inexorablement fermée, pour cause de prescriptions hygiéniques indispensables, et par ordre de la préfecture de police. Alors, que deviennent les malheureux, en nombre, devant lesquels se ferment les inexorables battants ? Ils passent la nuit à la belle étoile, qui, pour beaucoup d’entre eux, est une éto le mortelle, quapd ils ne sont pas arrêtés comme vagabonds, ce qui, au moins, leur vaut un abri. I,a charité parisienne est partiellement, im puissante, quand d'aussi cruelles températu res se mêlent de la partie. Peut-être, entre deux saisons rigoureuses, pourrait-on organi ser quelque chose ; mais, dès les premiers rayons du printemps, on n’y pense plus ; et les rigueurs de l’hiver reviennent, sans que rien ait été fait pour en conjurer les consé quences funestes. Ce n'est pas la compassion qui «manque, ni la «bonne volonté, loin de lâ i c'est tout simplement la suite dans les idées. Il n’y a que cela, cependant, pour faire quel que chose de bon, d'utile et de durable. Jean de IX'ircllc...