Extrait du journal

Nous avons montré, à propos des événements du Mexique et du Brésil, les différences sensibles qui existent entre les positions prises par les républiques du continent américain à l'égard de la guerre mondiale. L'attitude de l'Argentine se distingue nettement de celle de l'ensemble des Etats du bloc américain. Le gouvernement de Buenos-Aires s'en tient à sa doctrine de la non-belligérance tout en affirmant sa fidélité au principe de la solidarité panaméricaine. Cette position n'est- contradictoire qu'en apparence ; elle est conforme à l'attitude que le représentant de l'Argentine adopta à la çonférence panaméricaine de Rio-de-Janeiro. Tout en se ralliant en principe à la résolution de la conférence « recommandant » la rupture des relations avec les puissances de l'Axe, l'Argentine s'abstint de faire ce pas décisif, invoquant son droit de n'agir, selon les circonstances, que dans la plénitude de sa souveraineté et le respect de ses institutions. ^ Celte position se justifie par l'état de choses très particulier qui existe dans ce grand pays travaillé par des courants d'opinion en sens divers et qui créent une situation parfois difficile pour un gouvernement soucieux avant tout dé maintenir l'ordre et d'éviter toute aventure. L'Argentine admet la nécessité d'assurer la sécurité du continent de l'hémisphère occidental, mais elle veut pourvoir àsàdéfense par ses propres 1 moyens. Sur le plan moral et politique elle s'affirme solidaire des autres républiques du Nouveau Monde, et sur le plan de la sécurité commune elle négocie avec les Etats-Unis la fourniture du matériel de guerre nécessaire à sa défense. Mais cette défense, elle entend l'organiser elle-même, en dehors de tout contrôle de l'Amérique du Nord....