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Le Temps, 10 février 1939

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Le Temps
10 février 1939


Extrait du journal

Les événements d’Espagne, sont ce qu’ils, sont. Ils étaient prévisibles; mais nous accor dons qu’on pouvait, jusqu’à ces derniers jours,; croire qu’ils évolueraient dans un autre sens. Ceux qui souhaitaient ardemment la défaite du « franquisme » ont sans doute pris leurs sentiments pour - des raisons. Nous ne son-, geons pas ici, en ce moment, à leur reprocher leur erreur. Mais; ils se trouvent, aujourd’hui en présence des faits. La réalité de ces faits est cependant contestée, et, en tout cas, on refuse encore d’admettre comme’ inéluctables fies conséquences de ces faits. Parmi'ces ré fractaires à la leçon des événements, M. Léon Blum se distingue. Ses articles du Populaire sont tels, depuis quelques jours surtout, que les adversaires du chef , du parti socialiste éprouvent aux^mêmes, à, Je? lire,, de la stupé faction : la dialectique de. ee polémiste expert semble avoir; perdu sa qualité dominante -qui lui venait d’un-talent propre à-théoriser l’illo-. gisme avec une sorte de logique. Cependant, il s’agit aujourd’hui de mesurer exactement les intérêts de la France et de les défendre. Le gouvernement a désormais une décision à prendre, et à prendre promptement. Les pamphlétaires,- dans ces conditions, ne pourraient-ils-pas renoncer à exercer, leur art ? Ne sentent-ils pas que le gouvernement ne doit point être gêné dans sa tâche ? Ne recohinaissent-ils pas que le moment est venu de faire trêve aux vaines controverses des partit ? L’Espagne est à la veille de retrouver la paix, et il; s’agit pour notre gouvernement d’établir des rapports normaux avec cette Espagne de demain, — nous pourrions presque dire : de demain matin. Il n’y à plus de temps à perdre, et l’on en a déjà, beaucoup perdu. Les entre tiens de M. Léon Bérard avec les autorités de Burgos ont évidemment, éclairé la situation. Nous savons ,à présent ce que d’aucuns fei gnaient de ne pas savoir auparavant. Va-t-on attendre encore pour résoudre le.problème posé depuis si longtemps- par les événements ? S’ûbstinera-t-on à' dresser des obstacles sur la voie qui s’ouvre au • gouvernement français et où il ne peut pas ne pas s’engager, où il s’en gagera certainement, — car il n’en est pas d’àutro pour maintenir la paix internationale et garantir la* sécurité de la France ?.. • Si l’on se fiait aux. apparences, on pourrait alléguer qu’au cours des dernières saisons nous avons ’ été toujours en retard pour faire ce que nous reconnaissions devoir faire. Peut-être certains rivaux de notre pays ont-ils cru à notre faiblesse, parce qu’ils nous voyaient indécis. Il est bon "de réfléchir; il est mauvais d’hésiter. La question d’Espagne n’est, hélas ! -pas nouvelle. Nous avons eu tout loisir de pré voir le point d’évolution où elle est arrivée. On ne saurait concevoir qu®elle nous trouve incer tains quant à la meilleure, à la plus juste, à la plus digne manière de la régler. En. somme, le gouvernement a, non pas à choisir entre plusieurs résolutions, mais à rendre publique la résolution que lui a déjà dictée fia situation actuelle. Et l’on irait tenter, par d’artificieuses polémiques, non point de l’empêcher de les prendre, ces résolutions, car on sait bien que cela- est impossible, mais de fie contraindre à les ajourner encore ! : Nous voyons ce qu’y pourrait perdre la France; nous n’apercevons pas ce qu’y pourraient; gagner les partis d’op position. De bon ou de mauvais gré, tous les partis accepteront la décision gouvernementale atten due. Nous n’espérons pas que;"cette décision prise, elle échappera aux critiques. Mais, dès maintenant, le gouvernement doit faire comme ^si ces critiques de demain ne Rêvaient pas se, t produire,-et d’abord-comme s’il n’entendait pas les critiques d’aujourd’Hui. Il est fort de son droit, qui est le droit de la France. Le reste n’est que littérature partisane, sans rapport aucun avec la nécessité....

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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