Extrait du journal

toujours ! acheva-t-elle, en baissant la voix plus encore. Ainsi, jusqu’aux bonnes dames en cheveux blancs donnaient, à leur insu, une leçon sévère à Roberte; Mais sentant de nouveau sur elle le regard de son mari, elle n’accueillait ces paro les chrétiennes que pardesmines d’intelligence et d’adhésion entière, d’une ambiguïté décon certante, — en femme, qu’elle était, c’est-à-dire plus apte à faire bonne contenance dans les combats obliques, et parmi lès allusions. Elle n’en éprouva pas moins un immense soulagement, quand la conversation, qu’elle n’osàit pas détourner elle-même; changea. Mais le café servi, un petit incident anormal se pro duisit, qui suffit a la replonger dans la crainte. Le capitaine s’était levé avec lenteur. Il alla fermer la porte à double tour de clef, pour évi ter, semblait-il, l’entrée inopinée des domesti ques. Puis, sans un mot; il revint prendre-sa place. On le considéra avec surprise, et son père ouvrait la bouche pour le plaisanter. La con traction de ses traits prévint la gaieté. Sans plus tarder, du reste, il s’expliqua, de sa voix de basse profonde,' qui augmentait l’impression. — Je vous ai réunis aujourd’hui, mes chers hôtes, pour entendre une déclaration grave, .et je vous prie de l’écouter avec patience jusqu’au bout. C’est de mon mariage qu’il s’agit. Il y a trois ans passés que M. et Mme Bénard, mes chers beaux-parents, ont bien voulu m’accorder leur fille. Je recevais de leurs mains une femme... . Et son regard passa sans expression sur Ro berte qui, la tête droite, le dévisageait avec stupeur, les yeux élargis, comme en présence d’un spectacle inintelligible. . — ... une femme d’une éducation parfaite, et préparée par les soins les plus complets à la vie d’épouse. Et avec foi, j’ai placé sur sa tête ma E rotonde affection, mon avenir, et toute ma vie. 'exemple de sa digne et vénérée mère m’était, au surplus, le garant de ce que serait la fille; bon sang ne pouvait mentir. Enfin, pour ache ver de sceller mon assurance en elle, cette jeune fille, dans sa robe blanche de mariée, m’a juré fidélité devant vous tous, a prêté serment de porter mon nom sans faillir... La voix de Cauvin tremblait un peu, en évo quant ce jour nuptial, car ce n’était pas bsjis quelque piété amoureuse gu’alorg, au fond de son âme, dans le granit même de ses senti...