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Le Temps, 24 septembre 1916

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Le Temps
24 septembre 1916


Extrait du journal

La déclaration dont il a été donné lecture hier à la Chambre, au. nom du parti socialiste uni fié, pour expliquer le vote des crédits par les députés d’extrême gauche, à l’exception des trois « pèlerins » de Kientha.1, doit retenir notre plus sérieuse attention. Qu’un parti, quelle que soit son étiquette, éprouve le besoin de « justi fier » le vote de crédits dans les circonstances actuelles, cela peut surprendre. On ne saurait concevoir un groupe politique conscient de ses responsabilités qui refuserait au gouvernement de la République les moyens de poursuivre jus qu’à la victoire la guerre qui nous fut imposée par un ennemi perfide. En réalité, le groupe so-, cialiste unifié a voulu saisir cette occasion pour rappeler certains principes, indiquer les vues qui se trouvaient déjà formulées dans certaines de ses résolutions antérieures et surtout pour tâcher de réagir contre l’impression créée par les manœuvres dés « minoritaires » constituant une menace à son unité. Cette déclaration, en raison de l’imprécision des termes dans lesquels elle est rédigée, ne saurait faire illusion : elle laisse subsister toute l’équivoque sur laquelle reposent l’union et la propagande socialistes, et s’il, faut apprécier d’après elle la valeur de l’unité de vues du parti, on peut dire que cette unité se trouve réalisée surtout dans l’équivoque. La déclara tion stipule que le groupe unifié vote les crédits parce que la France, toujours envahie, doit as surer son indépendance et préserver l’Europe dé toute menace d’hégémônie, mais elle af firme, une fois de plus, que si pas un socia liste ne pourrait accepter une paix qui laisse rait la France mutilée et diminuée, le groupe reste opposé à toute politique qui aurait pour objet de « prolonger en guerre de conquête » la guerre de défense nationale à laquelle il parti cipe. Là est l’équivoque la plus dangereuse. A aucun moment, les alliés n’ont songé à faire une guerre de. conquête. Victimes d’une inqualifiable agression, ils luttent pour leur existence indépendante, pour, le triomphe du droit et de la liberté des peuples. Ils ont le devoir envers eux-mêmes et envers tout le monde civilisé de poursuivre leur effort jusqu’à ce que rAustro-AUemagnè soit réduite à l’im puissance, mise hors d’état de provoquer une seconde fois semblable catastrophe. La paix durable ne peut être obtenue qu’à ce prix, et c’est pourquoi les puissances alliées se sont formellement engagées les unes envers les autres par l’acte de Londres du 5 septembre 1914, à ne pas traiter séparément avec l’ennemi. Il ne dépend d’aucune d’elles prise isolément de décider du moment et des conditions de la paix à conclure, cette paix devant être leur œuvre commune, sauvegardant également tous lqs intérêts légitimes. Ce sont les alliés victo rieux qui organiseront l’Europe nouvelle et qui prendront les garanties indispensables contre tout retour offensif des puissances qui ont déli bérément déchiré les traités et méconnu le droit. Il n’appartient donc pas au parti socia liste, non plus qu’à n’importe quel autre parti, de fixer étroitement les limites de cette guerre de défense. Si la sauvegarde des intérêts supé rieurs de l’Europe et de l’humanité exige que les alliés, pleinement d’accord, aillent au delà de ce que l’extrême gauche se plaît à fixer dès à présent comme but de la guerre, le parti socia liste unifié refuserait-il de continuer à « prê, ter » à la défense nationale « ses hommes », selon l’expression dont se servit récemment un de ses porte-parole? C’est cela qu’il faudrait savoir; ce sont des précisions données sur ce point qui pourraient seules révéler la vraie pensée du parti socialiste. La déclaration lue hier à la Chambre, rap pelant celle faite il y a trois mois, reproduit la formule selon laquelle les socialistes sont prêts « à tous les efforts pour assurer l’inté grité territoriale de la France, pour que l’Alsace-Lorraine obtienne la réparation du droit foulé- aux pieds en 1871, pour assurer la totale restauration politique et économique de la Bel gique et de la Serbie, pour acquérir la certi tude d’une paix durable ». On sait que, en rai son même des divergences d’opinion qui se sont manifestées au sein du parti socialiste....

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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