Extrait du journal

avec eux marchaient deux autres cava liers, l’un avait la tournure et la taille d’un adolescent, l’autre était un enfant. L’enfant, c’était l’Anguillet, qui servait de guide à cette petite troupe; un vif rayon qui tomba sur le visage de son voi sin eût permis de reconnaître dans ses traits charmants et pâlis ceux de la prin cesse Mamiani, qui pour la circonstance avait revêtu les habits d’un page. Quant aux deux compagnons fermes sur leurs étriers, c’étaient Coquelicot et M. de Saint-Ellix. Arrivés sur un tertre d’où l’on pouvait distinguer à l’horizon les feux allumés par l’armée turque, les cinq voyageurs qui composaient, cette petite expédition s’arrêtèrent pour tenir conseil. — Avez-vous réfléchi ? dit la princesse au marquis. — Et vous, madame, avez-vous songé ? — Moi? A quoi bon! répondit-elle, tan dis qu’un sourire éclairait son visage. — Eh bien ! moi, j’irai où vous allez. Il caressa de la main la crinière de son cheval et la regardant : — C’est tout de même singulier... et il faut véritablement que vous m’ayez ensor celé, reprit-il; me voilà en campagne dans un pays sauvage sans autre but que celui de délivrer un garçon que j’ai voulu faire pendre et qui a l’impertinence de se faire aimer !... Comme c’est logique ! La princesse lui prit la main dans l’om bre claire de la nuit et la lui serra. — Vous savez bien qu’après lui, vous êtes l’être que j’aime le plus au monde. — Madame, quand on n’est pas le pre...