PRÉCÉDENT

Le Temps, 28 mai 1912

SUIVANT

URL invalide

Le Temps
28 mai 1912


Extrait du journal

noces un dernier certificat de licence pour le cas où viendraient les. mauvais jours dans le ménage. Des livres jonchaient son lit, tout comme un autre matin d’automne où Cécile, fuyant après Florence l’appartement de la rue de Condé, était venue solliciter son amitié con solatrice sous le toit de la Maison des Dames. Lorsque Mlle d’Aubres entra ayant déjà son chapeau sur la tête, et à la main son petit sac de voyage, la figure de la douce Minerve exprima les plus vives inquiétudes : — Oh! Cécile, tu pars!... Ne fais pàs cette folie, voyons ! Ne fais pas une pareille folie ! En même temps, toute soulevée, elle jetait sa main sur le bras de la voyageuse qui lui répondait d’un air absent déjà : — II faut que je parte, vois-tu... C’est insou tenable !... J’ai peur tantôt d’être trop heureuse et tantôt d’être trop malheureuse!... Il faut que j’aille là-bas pour apprendre, pour savoir... — Mais, lui, il va être ici tout à l’heure... Que lui dire, grand Dieu !... — Eh bien, que je reviendrai... car enfin je reviendrai... dans tous les cas... . Cette fin de phrase n’était pas pour rassurer l’inquiète amie ; cependant elle comprit que. si jamais Cécile devait atteindre le bonheur, c’é tait par le chemin qu’elle ne pouvait l’empê cher de prendre aujourd’hui. Et Cécile se mit en route alors que lès au tres s’évejllaient dans la Maison des Dames. Une porté que là ifemm.e de chambre efitr’ouvrait lui montra Gina qui, bien à plat sur son lit d’enfant et le diapason à l’oreille, faisait par tir des vocalises. En descendant, elle entendit encore le glissement rêveur d’une main sur toutes les notes d’une octave, le trait anxieux de l’archet sur le violon qu’on met à l’accord... Ét c’était comme des coups d’ailes, d’ailes qui se demanderaient s’il leur serait jamais per mis de prendre l’essor vers le plus beau, le plus tentant et le plus dangereux pays du monde... Encore une fois Cécile descendait de voiture toute seule à la gare de Lyon, se dirigeait sur le quai à la recherche de son train. Toute seule. Il n’y avait pas de foule aux abords de ce train, un rapide, ne comportant que des wagons de première classe. Mais elle allait comme s’il n’y avait eu là personne absolument, comme une somnambule aveugle pour tout, sauf pour le but de ses songes. Elle dépassa plusieurs wa gons, suivant l’illusion enfantine que ce serait abréger le trajet que de se placer à la tête du train. ‘Des facteurs roulant un chariot de baga ges l’obligèrent pourtant à se garer, et dans ce...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

En savoir plus
Données de classification
  • guist'hau
  • ajam
  • régnault
  • garnier
  • bonnot
  • j. delimal
  • atten
  • sait
  • léger
  • alais
  • italie
  • autriche
  • paris
  • athènes
  • gard
  • fez
  • florence
  • france
  • aubres
  • paule
  • ligue des droits
  • ligue des droits de l'homme
  • parlement
  • conseil d'etat
  • sénat
  • les oliviers
  • académie de médecine
  • l'assemblée
  • ecole émancipée
  • bourse du travail