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Le Temps, 29 janvier 1893

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Le Temps
29 janvier 1893


Extrait du journal

Meurice. Dès le lendemain, Robert conduisait Lucie, dans sa simple toilette presque enfantine, chez la marquise de Sonnois, Parisienne raffi née, qui était sa parente. — Ma cousine, lui dit-il, voici ma Lucie, ma femme, mon enfant, mon ange adoré. Je vous l’amène et je vous la livre pour que, avec votre génie de Parisienne, vous me la fassiez habiller, décorer, encadrer selon la formule, afin qu’elle •puisse paraître à côté de vous sur ce grand théâtre de Paris qu’elle ne connaît pas. — Oh 1 la jolie petite perruche I dit Mme de Sonnois avec sa grâce familière de femme du monde. Mais laissez-moi donc vous regarder, ma charmante! Quoi? on est jeune et joli comme cela dans votre pays! Les deux mains dans mes mains, et embrassez-moi bien fort. Mon cher Robert, quand sur cette tête de Greuze sera posé un chapeau-souffle de Loys, ‘ quand Laferrièrë aura moulé ce jeune corps dans la soie et le velours, gare à vous ! Car toutes les femmes seront jalouses et furieuses, toutes excepté moi, qui suis ravie. Lucie, dans sa blancheur, était devenue toute rose et souriait sans répondre à cet aimable babil. — Me la laissez-vous dès aujourd’hui, Robert? — Si vous voulez d’elle, cousine. Moi, pen dant ce temps, je vais aller voir du côté de l’avenue d’Antin si je trouve un appartement. meublé : l’hôtel n’est pas possible pour un long séjour. — Voilà pour moi une journée délicieusement occupée, dit la marquise. Nous allons courir les magasins, ma mignonne, to shop, comme disent les Anglais, qui sont à la mode chez nous. Quelle heure est-il? Trois heures. C’est parfait. Le temps de mettre mon chapeau, mon veston, et nous descendons. Elle disparut aussi vite qu’elle parlait et re parut plus vite encore, très élégante. Ils descen dirent ensemble. — Petite compatriote des colibris, dit-elle, nous sommes ici rue de Lille. Nous allons 1 prendre le pont, la place de la Concorde, puis nous suivrons les boulevards. Il fait très beau. Etes-vous marcheuse ? — Pas trop, madame, dit Lucie. On ne sort guère dans nos pays, à cause du soleil. — Quand vous serez fatiguée, nous pren drons une voiture. Il y en a plus de 30,000 à Paris, sans compter la mienne. Allez-vous en, Robert. Je vous rendrai votre femme à sept heures si vous venez dîner chez moi. C’était la première fois depuis le départ que Lucie quittait son mari pour de longues heures....

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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