Extrait du journal

. e Le docteur Balat avait tenu parole. Il était re venu tous les jours, et la Guide, qui, le voyant soucieux, s'était pénétrée du danger de Miquet te, ne quittait pas le chevet. Il était clair qu’elle gênait, on le lui faisait sentir assez. Mais plus on s’efforçait de l’écarter, plus s’enfonçait en elle l’idée qu’elle était nécessaire. Cette ténacité placide, que la Malart n’avait pas prévue, commença par l’étonner. Elle avait d'abord compté venir à bout facilement d’une personne qu'elle savait timide, et, pour la dé goûter de son zèle, elle avait employé tous les petits moyens que lui suggérait son astuce, la persuasion d’abord : elle ne pouvait pourtant passer toutes ses nuits sur une chaise. Sûre ment, elle tomberait malade elle-même. Mais quand, après trois nuits, il devint clair qu’elle ne se lasserait pas, elle s’impatienta. Ce furent d'abord des brusqueries, des mots pi quants, puis des vexations de toutes sortes. Elle était d’une audace rare, cette fille ! Qui l’avait priée de cette besogne? Elle n’avait pas été jusque-là une si grande amie de Miquette 1 Quel pouvait être le motif de ce dévouement? Et, comme toutes ses roueries de vieille ve naient s'émousser contre une volonté saine et droite, cela l’exaspéra. Elle en vint aux paroles dures, grossières : «De quoi se mêlait-elle ? A son âge, la Malart savait bien soigner un ma-...