PRÉCÉDENT

Le Temps, 5 décembre 1893

SUIVANT

URL invalide

Le Temps
5 décembre 1893


Extrait du journal

QUE FAUT-IL FAIRE? C’est le titre d’une brochure anonyme qui vient do paraître et dont l’auteur se -montre aussi préoc cupé, en principe, ' de remplir ce qu’il considère comme le devoir social que confiant dans la nou veauté et le succès de l’idée qu’il préconise. • Deux grands dangers menacent, selon lui, l’ordre public : celui que créent les politiciens incajiables et celui que créent les révolutionnaires. A ce double péril, la masse immense des braves gens et des bon nes gens doit opposer un sérieux effort de résistance. Mais l’effort vaudra d’autant plus qu’il sera mieux concerté, mieux organisé. De là, l’idée do créer, sur des bases plus larges encore que celles des associa tions belges et anglaises, une7 Ligue libérale qui servirait à la fois de centre de propagande en fa veur des idées saines en politique et économie poli tique et d’intermédiaire entre le pays et le Parle ment, lequel a besoin d’être surveillé et stimulé. C’est, en effet,- comme le remarque l’auteur de la brochure, un des vices de notre régime actuel, que l’absence de tous rapports réguliers et définis entre l’élu et les électeurs. Sauf de très honorables ex ceptions, sauf aussi l’exemple que donnent à cet égard les partisans du mandat impératif plus ou moins avoué, le député, une fois nommé, a une ten dance naturelle à « se créer une autre famille » que colle où il est né : son collège électoral. Les coteries parlementaires lui fournissent cette famille nou velle, où il perd, en général, lé sentiment des vœux et des besoins du pays. Tout cela est fort sensé et répond à* des préoccupations que tous les bons citoyens ont déjà maintes fois ressenties : la preuve en est dans la formation de ces associations qui s’appellent l’Association du centenaire, l’Union libé rale, etc. Où donc est ici l’idée neuve ? L’idée consiste à donner à l’association nouvelle, si ollo se forme, ce qui a manqué jusqu’à présent à ses devancières : une forte organisation intérieure, sur le modèle des "grandes maisons de banque ou do commerce, d’un Louvre ou d’un Bon Marché. Sous la main du co mité do direction, devraient fonctionner des services gérés par des hommes qui en foraient leur occupa tion unique, qui seraient les véritables « chefs do rayon » de co Bon Marché et de ce Louvre. Bien choisis, bien rétribués, ils fourniraient la somme de travail que dos volontaires occupés ailleurs ne: peu vent,- en général, malgré tout leur dévouement, donner d’une façon suivie, et que des employés su balternes, mal payés, ne donnent jamais. Il faudrait beaucoup d’argent pour rétribuer ces agents, che ville ouvrière de l’œuvre, et aussi pour répandre par la parole et par la plume, dans le pays entier, les vérités salutaires. L’auteur de la brochure ne doute pas qu’on trouverait. l’argent nécessaire* en éveillant chez 1er plus grand nombre possible de ci toyens, le sentiment de leur responsabilité, sans parler de la claire vue de leurs intérêts. - Les difficultés — celles surtout qui consisteraient à faire vivre une ‘ligue pareille quand elle aura été constituée — sont probablement plus grandes, ôtant donnés notre tempérament national et: nos mœurs, que l’auteur ne se le persuade. 11 est à craindre, si un conférencier se présente pour exposer aux ou vriers les idées très sensées préconisées dans cette broohprc, quo les patrons et les bourgeois, loin do lui faire un rempart contre les agitateurs profes sionnels, ne; s’abstiennent souvent de paraitre. il est à craindre qu’une foule de citoyens, qui seront de cœur ;avec- la Ligue, hésitent, tantôt pour une raison, tantôt pour une autre, lo plus souvent, par peur, respect humain et autres sentiments aussi honorables, à s’y affilier. Il ne faudrait pas s’exposer à dire : Nous voici, les soutiens de Tordre social ac tuel, et paraître ensuite en si petit;nombre que les adversaires pussent dire : Eh bien, oui, vous voilà ; mais si vous .n’ôtes pas davantage, ce n’est pas la peine de se gêner avec vous... . -En dépit de ces craintes, probablement trop jus tifiées, l’idée de s’organiser, de se défendre, d’où qu’plie vienne, sous quelque forme qu’elle se pro duise, méritera toujours d’être encouragée. Les partis, révolutionnaires en politique, en économie sociale, ont toujours la parole chez nous. Ce sont eux seuls qui vont dans les milieux populaires, dans los milieux ouvriers. Essayer, à tout le moins, d’inter caler quelques répons dans les litanies qu’ils y dé bitent, non sans l’espoir d’accréditer plus tard la vérité parmi des intelligences droites et des cœurs honnêtes, est une bonne pensée ; et comme le bon vouloir individuel n’y suffit pas, la libre association est tout indiquée....

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

En savoir plus
Données de classification
  • fourès
  • wahis
  • guesde
  • zanardelli
  • delpont
  • coqueugnot
  • gaudot
  • comtesse
  • bomou
  • boselli
  • arconcey
  • hongrie
  • congo
  • rome
  • bruxelles
  • roubaix
  • italie
  • paris
  • france
  • alsace-lorraine
  • union postale
  • fédération des mineurs
  • parlement
  • ligue des em
  • journal officiel
  • iss
  • fribourg
  • parti radical
  • fortis