Extrait du journal

Un magistrat italien, il, signor Pola di Torino, juge au tribunal de Luc-ques, vient de s'élever d'un seul coup à la hauteur de nos Magnaud et de nos Séré de Rivières. Il avait à juger une femme poursuivie pour délit de racolage. sur la voie publique ; il l'a; purement et simplement acquittée, en motivant sa décision par ces paroles : ; « — Pourquoi devrais-je punir cette malheureuse ? Parce que ses regards et ses sourires étaient provoquants? Mais alors, pourquoi ne traînez-vous pas à la barre toutes les jeunes filles, les dames qui prodiguent des regards et des sourires dans les salons, les théâtres, les promenades publiques? Pourquoi ne m'amèneriez-vous pas toute la cohorte des godelureaux qui lorgnent, pour tuer leur oisiveté, les jeunes filles de toutes les classes et les attirent avec des paroles provocantes ? La justice doit être égale pour tout le monde et non accabler les pauvres filles qui, par nécessité, font ce que les femmes riches font par vice. »...