Extrait du journal

L y, a quelque chose d'émouvant dans la grande bataille électorale qui se livre en Angleterre. C'est la lutte entre le passé et l'avenir, entre la tradition et la réforme, entre la vieille et la nouvelle Albion, entre l'aristocratie et le peuple, entre la pairie et les communes... Fait significatif: le conflit s'est engagé sur la question d'argent... Les démocrates anglais estiment qu'il y a, dans le RoyaumeUni, trop de grosses fortunes; ils s'irritent de voir un petit nombre de mains détenir le sol du pays, et quatre puissants seigneurs: les ducs de Westminster et de Bedford, lord Portman et lord Norfolk, exercer leur suzeraineté sur la ville de Londres. Cette féodalité leur semble une institution surannée, incompatible avec le progrès des moeurs... En somme, un intérêt économique, une question pécuniaire, sont au fond de ce colossal débat, et nous reconnaissons à ce trait l'esprit pratique de nos voisins. Il est leur vertu principale, — à supposer que ce soit une vertu. Toutes leurs institutions en sont imprégnées. Le fils de John Bull sait compter; il monnaie ses impressions, ses enthousiasmes, sa gloire. Capable de s'imposer de lourds sacrifices par orgueil patriotique, il n'est pas, au sens où nous l'entendons, chevaleresque et traite le « don quichottisme » de billevesée. Aucune distinction n'existe pour lui, si elle n'est accompagnée d'un nombre respectable de livres, sterling. Les Anglais veulent-ils récompenser un soldat, un officier, ou consoler une veuve, ils les dotent d'une grasse pension. Nous croyons, en France, qu'un ruban rouge constitue la rémunération la...