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Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, 17 avril 1892

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Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire
17 avril 1892


Extrait du journal

dont la fête de Pâques consacre la mé moire. Ce qui parait plue probable, c’est qu'il y a là tout simplement un souvenir de l'austérité des pratiques religieuses et en particulier du carême au temps où la foi chrétienne était plus vive. En ces temps, les œufs mêmes étaient défendus, et leur production étant très abondante, il arri vait que des énormes provisions d'œufs s'accumulaient dans les ménages. On en donnait aux pauvres ; on en échangeait avec des amis et pour donner plus de prix au cadeau, on parait les œufs des couleurs les plus vives. Au treizième siècle, les jeunes clercs se réunissaient, à Paris, sur le parvis NotreDame, le jour de Pâques. Ils formaient un cortège qui parcourait les rues de Paris, recueillant sur son passage un nombre considérable de paniers d’œufs. Cet usage n'a pas été complètement abandonné. Dans quelques villages lor rains, le berger communal fait encore sa tournée le lundi de Pâques pour la récolte des œufs. On le rémunère ainsi du soin qu’il a pris des troupeaux confiés à sa garde. C’est en Russie peut-être que ta fête de Pâques est célébrée avec plus de solennité. Le matin du saint jour, tous les fidèles qui se rencontrent échangent entre eux le « salut pascal » en prononçant les simples mots : « Christ est ressuscité 1 » Le Czar lui-môme se soumet à cette cou tume. On raconte même à ce propos une anecdote assez amusante : Un jour de Pâques, l’empereur Nicolas, sortant de son palais et passant devant le factionnaire qui se tenait à la porte, lui donne le « salut pascal ». — Christ est ressuscité ( dit le Czar. — Non, Sire, il n’est pas ressuscité, ré pond le soldat. Le Czar s’arrête surpris et reprend : — Christ est ressuscité I — Non, Sire, il ne l’est pas, reprend encore, le factionnaire. I. empereur se fâche et veut punir. L’of ficier de garde est appelé et tout s’expli que. Le soldat était Israélite ( Nicolas sou rit et félicite cet homme de bonne foi de la fermeté de sa croyance. Dans l’ancien royaume de Pologne, à l’époque de sa prospérité, l'aristocratie était turbulente et indisciplinée. Elle avait de grands défauts, mais elle avait aussi de grandes qualités. Elle était surtout très généreuse. Le jour de Pâques, chaque seigneur faisait préparer un festin dressé dans la grande salle du château. Puis on ouvrait les portes du château où entrait qui voulait ; les plus pauvres avaient le droit de venir s’asseoir à ce banquet. Au contre de la table, sur un immense plat, un agneau entier figurait l’agneau pascal ; puis, de chaque côté, on amoncelait* des oeufs durs qui, dans la croyance populaire, représentaient les pierres qu’on lança" à Jésus. Vous voyez que cette coutume des œufs de Pâques s'explique différemment et qu’on lui attribue des significations diverses II est étonnant qu’à notre époque utilitaire et pratique on ne s'en soit pas encore dé barrassé, comme on se débarrasse un peu trop volontiers et tous les jours de ce qu’on appelle les « pieux préjugés » et les « pratiques surannées ». — D......

À propos

Fondé en 1845, le Mémorial judiciaire de la Loire est, comme son nom l’indique, un journal judiciaire. D’abord hebdomadaire puis quotidien, il est rebaptisé L’Avenir républicain en 1848, puis L’Industrie en 1852, puis le Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire en 1854, nom qu’il raccourcit quelques quatre-vingt-ans plus tard en Le Mémorial. Collaborationniste, le journal est interdit en 1944.

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