PRÉCÉDENT

Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, 18 mars 1857

SUIVANT

URL invalide

Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire
18 mars 1857


Extrait du journal

courus ; elle était comme un voyageur qui revient dans sa patrie après une longue absence. Elle était allé prendre de lait dans cette ferme ; elle avait cueilli des fraises dans ce taillis ; elle avait lu tout un malin au pied de ce saule ; c’était la que la pluie l’avait surprise un soir d’hiver ; en passant sur cette berge, un cobp de vent avait emporté son mouchoir, que Tambour avait cherché dans l’eau. Le plus petit brin d’herbe lui semblait beau. La première fois quelle mit le pied sur la Ttrtue, elle fut prise d’une joie folle. Un jour elle s’avisa de rassembler tous les enfants pauvres dont les mères travaillaient aux champs et de les mener chez la Thibaude qui était blanchisseuse de son état. — Eh ! mère Thibaude, lui dit-elle, voilà des petits que je vous confie... Gaidez-moi tout ça cl donnci-leur une bonne miche de pain pour leur goûter. - Eh 1 bonté du Ciel 1 où voulez-vous que je le prenne, eo pain-là? dit la mère Thibaude, qui aimait les enfants bien qu’elle eût la main brusque. — Donnez toujours, répondit Mme Rose ; le boulanger est de mes amis et c’est moi que cela regarde. Quant elle vit tous les enfants (assemblés autour d’un grand panier rempli do morceaux de pain jusqu’au bord , Mme Rose battit des mains, et voulut qu’on ajoutât une grande jatte de lait à ce régal. Les enfants se pressaient au tour d’elle comme des poussins. — Je prétends que chaque jour ils en aient autant, dit-elle ; ce qui restera sera pour votre peine, mère Thibaude. Tout compte fait, c’était un petit revenu bien clair pour la blanchisseuse. — Ce sont encore vos distractions d’autrefois qui recom mencent, dit George. — Ah 1 répondit Mme Rose, si je dois quitter ce pays, je veux au moins que mon souvenir y reste. Malgré le mouvement qu’elle se donnait et les retours de gaieté qui la faisaient rire pendant ces longues courses, on voyait bien qu’une pensée constante préoccupait Mme Rose; elle ne manquait jamais de demander à Gertrede si le pié ton n’avait rien apperté pour elle. Elle cherchait souvent dans les journaux un nom qui ne s’y trouvait plus. Le silence...

À propos

Fondé en 1845, le Mémorial judiciaire de la Loire est, comme son nom l’indique, un journal judiciaire. D’abord hebdomadaire puis quotidien, il est rebaptisé L’Avenir républicain en 1848, puis L’Industrie en 1852, puis le Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire en 1854, nom qu’il raccourcit quelques quatre-vingt-ans plus tard en Le Mémorial. Collaborationniste, le journal est interdit en 1944.

En savoir plus
Données de classification
  • rose
  • de réthel
  • murray
  • mercier
  • de pran
  • her
  • quant
  • j. lobet
  • de réiri
  • havas
  • canada
  • angleterre
  • paris
  • herblay
  • russie
  • george
  • grèce
  • loire
  • lyon
  • athènes
  • m. i