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Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, 19 juin 1905

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Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire
19 juin 1905


Extrait du journal

laise que ressentent ces populations avant tout catholiques. Voyez cette histoire d’instituteurs laïques et très libres-penseurs mettant le pays en révolution parce que le ministre a touché à l’un d’entre eux — une fois n’est pas cou tume. — Mais voyez aussi ce préfet d’Ile-etVilaine s’adressant aux instituteurs et leur recommandant de « combattre avant tout le cléricalisme et d'enlever les enfants aux in fluences qui agissent encore sur eux », l’in fluence de la famille, l’influence de la reli gion !! Il ajoute, parlant toujours à ces mê mes instituteurs transformés en agents de renseignements et en agents électoraux : « Vous êtes les fils de la Révolution et vous devez continuer son œuvre. » Cette œuvre, on s’en souvient toujours dans l’Ouest, on sait ce qu’elle a semé de sang et de ruines et, si elle doit être reprise et continuée, comment veut-on que les' Bre tons n’éprouvent pas quelque inquiétude et ne se demandent pas s’ils ne seraient pas plus heureux sous un autre régime. Ils tiennent en méfiance ces étrangers ve nus chez eux, ces instituteurs ne parlant pas leur langue, promenant avec eux l’impiété qui leur fait horreur, arrachant les enfants à la famille pour les élever en libres-penseurs et en révolutionnaires. Mc-is ce n’est pas tout, écoutez ce même préfet donnant aux instituteurs des leçons d’espionnage : « Vous devez, dit-il, par un esprit d’insinuation, chercher à acquérir la confiance du maire. Vous devez capter sa confiance et faire en sorte de lui inspirer des déterminations qu’il croira siennes et qui en réalité seront vôtres. » Soyez espions, soyez antireligieux, frappez les familles catholiques, surveillez le maire, trahissez-le : voilà ce qu’un préfet du Bloc recommande aux instituteurs. La colère et le mépris des populations s’expliquent aisé ment. Et ce n’est pas seulement un préfet qui parle ainsi, c’est la majorité des préfets. Si on veut faire détester la France, il n’y a qu’à continuer, mais il pourrait arriver que les populations énervées — sans cesser d’aimer la France, — détestassent carrément les exploiteurs de cette France et leur signi fiassent un beau jour leur congé. •\ En attendant qu’on fasse la paix, Russes et Japonais continuent à s’entr^tuer — On affirme que le Japon doit tous ses succès — tous c’est beaucoup dire — à un élément qui est à la portée de tout le monde, mais dont les petits nippons font un usage raison né : à l’eau. Oui, c’est à l’eau, mais surtout à l’eau chaude qu’ils doivent parait-il, leur souples se, leur résistance, leur force extraordinaire, leur sobriété. Se laver à l’eau chaude, cela n’a rien de désagréable, mais boire de l’eau chaude, voilà qui est plus malaisé et cependant, en y réfléchissant bien, pourquoi ne boirait-on pas de l’eau chaude, comme on boit du thé chaud, du café chaud, du lait chaud, et même du vin chaud. 11 est convenu que l’eau chaude ne passe pas — tout au contraire elle a une tendance à sortir ei on insiste.— C’est disent les Japo nais, défaut d’habitude —Il y a près de trois ans, un célèbre jésuite écrivit un livre sur cette médication par l’eau chaude et, chose curieuse, il parle déjà des Japonais — Il parle aussi de Plutarque, l’un des premiers de ce monde qui recommandait l’eau chaude comme une panacée universelle. Les Japo nais avaient, dit le Père jésuite, l’habitude des boissons brûlantes, des bains presque bouillants. — Ces boissons ne sont pas tou tes d’eau pure, mais leur boisson préférée était, à cette époque, l’eau chaude sans au cun correctif. L’eau froide était condamnée — En est-il toujours ainsi, je ne crois pas; ce qui est certain, c’est que de nos jours l’eau chaude et froide est pour eux * indispensable. Du reste, ces Japonais ont toute sorte de trucs à leur usage. J’ai parlé déjà, dans une cau serie, des études spéciales auxquelles on as treint les petits nippons pour leur apprendre à respirer. On sait aussi quels prodigieux gymnastes sont les Japonais, il n’y en a pas de plus adroits, aucune fatigue ne se révèle surleur figure, leur corps obéit à leur volonté d’une façon extraordinaire. L’eau, Pair, voilà donc leurs moyens les plus efficaces pour être forts, joignez-y quel ques canons admirablement pointés et, sur tout, le sentiment du patriotisme développé chez eux, comme nulle part ailleurs, et l’on comprend leurs succès. Est-ce par horreur de l’eau chaude que les antimilitaires français demandent le désar mement, je n’oserais l’affirmer, mais je vois mal, en effet, Jaurès, Pelletan et autres s’in gurgitant des pintes d’eau — froide ou chaude — pour s’entraîner militairement. C’est peut-être la crainte d’être astreints à ce régime — si toutefois ou l’adoptait en France — qui met en fureur ces pacifistes convaincus. Je ne pense pas non plus que nos grands seigneurs socialistes se condamneraient à revenir à l’état de nature recommandé par Méva. Vous ne connaissez pas Méva, sans doute! mais certainement vous le rencontre rez un jour. C’est .uu homme de cinquantedeux ans environ, possédant la plus belle chevelure blonde et dorée qu’on puisse voir. Il est tonjours vêtu d’une tunique de lin pendant l’été, de laine pendant l’hiver. Il a très bien l’allure du Christ. Son vrai nom est Joseph Salomonson ; c’est un ancien consul de Belgique. P Ub beau jour — après une révélation, ditil — il n’a plus mangé de viande, de pois sons, ni même de légumes cuits. Il a vécu de légumes crus, de fruits, et n’a bu ni vin, ni eau. Et cela depuis des années. Jamais de vin, ce n’est pas extraordinaire, nombre de gens s’abstiennent de ce jus de la vigne, mais jamais d’eau ! Non ! il ne boit rien, trouvant dans les lé gumes et fruits crus la boisson et la nourri ture en même temps. « C’est exquis », m’at-il dit, car je l’ai vu, j’ai causé avec lui. Il n’est jamais malade et prétend que l’homme doit mourir de vieillesse et non de maladie. Il couche sur la terre nue et les émanations de la terre sont, affirme-t-il sou verainement hygiéniques. Il marche pieds nus le plus souvent. Tl va ainsi, vendant...

À propos

Fondé en 1845, le Mémorial judiciaire de la Loire est, comme son nom l’indique, un journal judiciaire. D’abord hebdomadaire puis quotidien, il est rebaptisé L’Avenir républicain en 1848, puis L’Industrie en 1852, puis le Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire en 1854, nom qu’il raccourcit quelques quatre-vingt-ans plus tard en Le Mémorial. Collaborationniste, le journal est interdit en 1944.

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