Extrait du journal

tible. U faut cependant y signaler l’image de l’impureté sous les traits d’une femme debout, dont un serpent et un crapaud dévorent la poitrine. Par ses formes allongées, par sa distinction et sa vérité d’attitude, cette figure est à un plus haut degré encore que les élus du tympan d’Autun la démonstration de la Renaissance sortie au XIIe siècle des grandes écoles d’art de Cluny. Sauf les têtes des personnages qui ont été brisées par les iconoclastes de 1793,ce porche nous est parvenu dans un remarquable état de conservation. D’intelligentes restaurations, exécutées il y a une vingtaine d’années, par le ministère des Beaux-Arts, sous l’habile direction de M. Selmerslieim ont assuré la conservation de ce chef-d’œuvre de la sculpture française au XII* siècle. Mais en dehors de son porche et des bâti ments du prieuré, Charlieu possède encore une série d’édifices, fort remarquables. C’est d’abord le donjon qui commandait la ville tout entière ainsi que l’entrée principale du prieuré. Nousenempruntons la description à M. Edouard Jean nez, qui l’a sauvé d’une ruine certaine. « C’est, dit-il, une haute et massive construction de la fin du XIIe siècle, cylindri que et non rectangulaire, à la mode romane. Au-dessus d’un rez-de-chaussée voûté se su perposent quatre étages, séparés,comme dans les donjons normands par des planchers en bois au lieu de voûtes et présentant ce très rare détail d’architecture militaire au MoyenAge.de l’absence de communication intérieure entre les deux premiers étages. Indépendamment de meurtrières à niches et à savantes inclinaisons, le svstèrn* de dé fense de l’ouvrage se complétait d’un hourd en charpente probablement permanent qui, à une hauteur de 19 mètres, contournait le dernier étage de 27 mètres de circonférence. Il était supporté par seize grosses poutres débordant la muraille au dehors et se réunis sant, suivant l’usage, en forme de roue sous le poinçon du comble. Ùar un hasard inexplicable, ce monument aussi rare qu’intéressant avait été oublié dans l’encan révolutionnaire de 1791, et il servait depuis lors de prison cantonale, lorsqu'on 1884, et sans raison sérieuse, sa démolition fut décidée par la municipalité ». Cette résolution put être conjurée grâce aux efforts et aux multiples démarches de M. Jeannez : le donjon fut classé, et sa toiture ré tablie au moyen d’une souscription locale en assure la conservation définitive...