Extrait du journal

Le monsieur était caché derrière les rideajix. Je versai du champagne à Gouffé. Il fut tout de suite très entreprenant et me prit par la taille. Je défis ma belle cordelière, je la lui montrai, je la lui essayai au cou, puis, faisant rapide ment un nœud coulant, raccrochai le bout au crochet, à l’extrémité de la corde. Le monsieur tira, et Gouffé se trouva pendu. C’est alors que je te portai tes clefs.Quand il fut dépouillé de son trousseau, nous voulûmes ra nimer Gouffé, mais nous constatâmes qu’il était mort. Alors, le monsieur s'en alla, en me pro mettant de venir m'apporter ies 25,000 francs demain matin, à sept heures, contre la remise du reçu de 120.000 francs et de l’engagement de remboursement fin juillet qu’il a signé à Gouffé. La terrible confidence de l'infâme coquine ne lit qu’augmenter mon trouble. Je pris une bou teille de cognac et je la bus presque tout en tière. Gabrielle, elle, semblait avoir recouvré tout son calme. Elle continua : — En gens prévoyants, nous avions à tout hasard, ou plutôt en vue d'un accident, préparé un sac. Mets le cadavre dans le sac. Nous pla cerons le sac dans la malle, et demain nous irons jeter le tout à la Seine. Que faire? Je saisissais bien tout ce que la situation avait de périlleux pour moi. Si je ne m'exécutais pa® ''étais en effet perdu, et c'est «u&'-qui allais paye; ius pots cassés. Nous enlevâmes les vêtements du mort. Il n’avait que 150 francs dans les poches. Je pris la somme, puis, comme me le demandait Gabrielle, je l’aidai à ligoter le cadavre, à l’en fouir dans le sac, puis dans la malle. A onze heures la besogne était enfin termi née. Gabrielle se coucha tranquillement, avec la malle dans sa chambre. Quant à moi, je partis à Levallois. J’étais tué de fatigue. Il parait que les docteurs ont trouvé que Gouffé avait été étranglé avec les doigts. Ils doivent, bien se tromper, car moi je l’ai vu pendu à 25 centimètres au moins du sot. Les détails de 1‘arrestation...