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Paris, 14 août 1893

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Paris
14 août 1893


Extrait du journal

Je n’oublierai jamais la fameuse séance de l’hiver dernier, où, en arrivant au Palais-Bourbon, on apprit que le gouver nement allait déposer des demandes en autorisation de poursuites. Il y avait là des ministres d’hier et des ministres d’avant-hier, un ancien gouverneur de l’Algérie, un ancien préfet de police, tout un personnel gouvernemental. Il y avait même un homme d’esprit : Emmanuel Arène, qui, pour justifier sans doute les espérances qu’on avait mises eu lui dans cette journée tragique, trouva tout de suite le mot : — C’est la première fois que je suis sur une liste ministérielle. Quelques heures plus tard, l’homme d’esprit fit voir qu’il était aussi un hom me de cœur. Comme dans les conseils de guerre,c’est lui qui, étant le plus jeune, dut monter le premier à la tribune. Il n’abusa pas de ce tour de faveur. D’une voix étranglée par l’émotion, il dit quelques mots ex trêmement simples, mais qui produi sirent une singulière impression. « J’ai toujours été républicain... J’ai toujours été fidèle à mes chefs... Et voilà que je reçois une balle en pleine poi trine... » Puis il leva les yeux vers les vieux ca marades de la tribune de la presse ; C’est à vous que j’en appelle... Et, avant de descendre de la tribune, il envoya un souvenir à ceux de « là-bas », à ses com patriotes, à ceux de la Corse. Ce fut bref, court, rapide. Mais quelle impression il laissa à tous d’un jeune et sympathique volontaire blessé dès le ma tin, au commencement de la bataille ! Quelques jours après je rencontrai Arène. Il était rasséréné. 11 avait en poche des paquets de dépêches et de lettres qui lui venaient de la Corse. Elles lui sem blaient bonnes à lire et à relire. Je dois dire qu’il ne faisait pas d’esprit eu les montrant. Il était surtout touché. La Corse était venue par le premier cour...

À propos

Fondé en 1881 par Charles Laurent, Paris fut d'abord un quotidien gambettiste, avant de devenir tout simplement opportuniste. En 1888, le journal attaque avec violence le Crédit Foncier, lequel le rachète immédiatement dans le seul but de le faire taire. À la suite de quoi le directeur du journal démissionne, pour fonder Le Jour. Le nouveau directeur Raoul Cavinet, d'une moralité douteuse, sera impliqué dans les années qui suivent dans plusieurs affaires de chantage et de fraude. Il abandonnera son poste, et le titre avec lui, en 1895.

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