Chronique

Alexis Danan, célèbre défenseur des « enfants sans joie »

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Alexis Danan pose en compagnie des enfants qu’il vient d’arracher à leurs parents, Paris-Soir, 1938 – source : RetroNews - BnF

Journaliste star des années 1930 au sein de Paris-Soir, le reporter Alexis Danan se faisait régulièrement le défenseur des mineurs isolés, marginalisés ou maltraités. Jusqu’à enlever des enfants à leurs parents jugés indignes – et en faire un article.

Chaque grand quotidien a ses célébrités, reporters ou éditorialistes dont les signatures participent à l’image du titre et assurent le succès des ventes. Durant les années trente, aux côtés de Joseph Kessel ou Antoine de Saint-Exupéry, Alexis Danan est l’un des reporters vedettes de Paris-Soir, le journal de l’industriel Jean Prouvost dirigé par le jeune Pierre Lazareff qui « tire » chaque jour à plus de 500 000 exemplaires.

Quadragénaire hyperactif et graphomane, Alexis Danan a ses marottes et mène un combat acharné contre la misère et, surtout, en faveur de ses premières victimes : les enfants. L’enfance malheureuse, dont les « enfants sans joie » sont les souffre-douleurs de leurs parents ou tuteurs, constitue le sujet de la plupart de ses articles, et de ses best-sellers.

Danan, c’est un style, un art de la tournure et de la mise en scène qui garantissent à chaque reportage, qu’ils s’agissent des « vieux », du bagne de Cayenne ou des aliénés, des reportages en coup de poing.

Mais ses papiers les plus poignants portent sur les enfances outragées, comme celle du petit René, enfant martyr que les parents jetaient par amusement en pâture aux coqs, ou celle de Marie, fillette de Grenoble, vendue par son père avec l’assentiment de sa mère, prostituée à 5 ans aux termes d’un contrat de vente établissant un vertigineux « renoncement paternel » :

En 1935, il crée la Fédération Nationale des Comités de Vigilance et d'Action pour la protection de l'Enfance, dont le siège est  à même adresse du journal. Épaulé par cette association « maison », Alexis Danan interpelle régulièrement Suzanne Lacore sur ces cas épouvantables, la toute nouvelle sous-secrétaire d'État à la Protection de l'Enfance du gouvernement de Léon Blum.

Car, écrivait-il dans les colonnes de Paris-Soir :

« Les enfants martyrs ont tout contre eux : la pusillanimité des âmes sensibles, l'indifférence inconcevable des pouvoirs publics. »

Avec Paris-Soir, il crée un fonds d’adoption, à ...

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