Enfin, la domination masculine semble générer des formes extrêmes de violence, exercées contre les femmes, parce que femmes. Violées, parfois torturées, elles sont aussi tuées. Des criminels célèbres comme Joseph Vacher (1869-1898), « le tueur de bergères » en France, Jack l’Éventreur à Londres (fin XIXe siècle) incarnent les tueurs de femmes en série. De nombreux crimes conjugaux relèvent aussi de la domination masculine : dans la Catalogne des années 1950, un périodique comme El Caso fournit de nombreux exemples de maris qui affirment avoir tué leur épouse car elle leur appartient, et s’autorisent à en user comme ils l’entendent : en 2014 encore, 118 femmes sont tuées en France, et 202 en Allemagne.
Néanmoins, dans le sillage de la convention d’Istanbul du Conseil de l’Europe (entrée en vigueur en 2014), plusieurs législations européennes, dont celle de l’Espagne, adoptent la notion de « violence de genre », désignée en Italie depuis 2013 par le terme de féminicide.
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Pour en savoir plus :
Chassaigne, Philippe, « Violences de femmes et violences contre les femmes dans la Grande-Bretagne victorienne », dans Christine Bard, Frédéric Chauvaud, Michelle Perrot, Jacques-Guy Petit (dir.), in : Femmes et justice pénale, Paris, PUR, 2002, p. 149-161
Mucchielli, Laurent, Spierenburg, Pieter (dir.), Histoire de l’homicide en Europe de la fin du Moyen Âge à nos jours, Paris, La Découverte, 2009
Zalbidea, Victor, El delito sexual en España, 1944-1974, Barcelone, Sedmay, 1975
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Frédéric Chauvaud est historien, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Poitiers (Criham, EA 4270 et MSHS). Ses travaux portent sur les femmes criminelles, la médecine légale et le procès pénal.