Chronique

Une criminalité « genrée » dans l’Europe des XIXe et XXe siècles ?

le par

Marie Besnard, la "bonne dame" de Loudun, en Une de Qui ? Détective, 1950 - source : RetroNews-BnF

Dès 1830, une Statistique comparée de la criminalité en France, en Belgique, en Angleterre et en Allemagne établit la dimension genrée de la criminalité, expression de leur rapport à la violence et aux armes. Ainsi, les plus grands crimes seraient majoritairement le fait d’hommes.

Cet article est paru initialement sur le site de notre partenaire, le laboratoire d’excellence EHNE (Encyclopédie pour une Histoire nouvelle de l’Europe).

En 1835, Édouard Ducpétiaux (1804-1868), abolitionniste et inspecteur général des prisons et des établissements de bienfaisance belges, fait paraître une Statistique comparée de la criminalité en France, en Belgique, en Angleterre et en Allemagne. Il s’agit de la première étude comparative européenne et presque la seule. Elle a toutes les caractéristiques d’une histoire universelle, tout en s’inscrivant dans des cadres nationaux précis.

Pour lui, dans ces quatre pays, les femmes ont été généralement entraînées dans la voie du crime par la « débauche ». Aux femmes la prostitution, aux hommes le vol chronique. Il écrit que la proportion d’accusées, c’est-à-dire traduites devant la juridiction répressive la plus élevée, est un peu moins grande en Angleterre qu’en France.

L’année suivante, la statistique morale d’Adolphe Angeville (1796-1856) sur la France tente une exploration, département par département, de la criminalité jugée et sanctionnée mais ne distingue pas les actes graves qui seraient plus spécifiquement attribués aux femmes de ceux qui seraient l’apanage des hommes. Faire exister la criminalité sexuée demandera du temps.

Selon les pays et les chiffres disponibles, de 1825 à nos jours, la place des femmes adultes dans la criminalité globale oscille entre 10 et 20 % et se caractérise par une sous-représentation. La part des mineures, les « mauvaises filles », est inférieure. Quant au taux d’incarcération, avec bien sûr des variantes, il est plus faible encore. Ainsi, avoisinant les 10 % dans l’Allemagne du XIXe siècle, il n’est p...

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