Président des États-Unis, un métier plutôt dangereux. Tout comme Abraham Lincoln, William McKinley et John Fitzgerald Kennedy, James Garfield, 20e président américain, fut assassiné en cours de mandat, au bout de seulement six mois. Lors de son arrivée au pouvoir, le 4 mars 1881, la presse se montrait pourtant optimiste, Le Petit Journal écrivant par exemple :
"Nous savons aussi que le président Garfield, d'allures toutes pacifiques et bourgeoises, n'entend engager la République américaine dans aucune aventure extérieure ou intérieure, et veut vivre en paix avec tout le monde, au dehors comme au dedans. Tout cela fait bien augurer pour l'avenir des États-Unis."
Républicain, James Garfield avait déjà effectué neuf mandats en tant que représentant de l'Ohio, mandats au cours desquels il s'opposa à l'esclavage et se gagna une réputation d'éloquence. Pendant ses six mois au pouvoir, il eut le temps de proposer une importante réforme de la fonction publique. Il avait la particularité d'être ambidextre : on dit qu'il pouvait simultanément écrire le latin d'une main et le grec de l'autre !
Son destin bascule le 2 juillet 1881 lorsque Charles J. Guiteau, un fonctionnaire déçu de s'être vu refuser le poste de consul de Paris, s'approche de lui en gare de Washington et lui tire dans le dos. Le président s'écrie : « My God, what is that ? » et s'effondre. Il demeure dans un état critique.
Le 27 juillet, Le Figaro lui consacre un portrait flatteur :
"Il a physiquement et intellectuellement la tête au dessus de ses voisins. On comprend qu'il a un cœur à la hauteur des cœurs des plus grands Américains d'autrefois. C'est un esprit modeste, ferme, tranquille et modéré. Il a au suprême degré le sentiment de mesure qui est la principale qualité des hommes d’État. C'est un vrai Yankee."
Garfield meurt onze semaines plus tard, des suites de ses blessures. L'Intransigeant du 22 septembre s'exclame :
"On sait que son premier soin, en prenant possession de son poste, fut de mettre fin aux tripotages qui menaçaient de ruiner les États-Unis. Ses actes énergiques lui créèrent des ennemis mortels, et peut-être aujourd'hui cet homme intègre paie-t-il de sa vie sa grande honnêteté et son grand désintéressement !"
Guiteau, arrêté juste après l'attentat, sera pendu. Comme le veut la Constitution américaine, le vice-président Chester A. Arthur succéda au malheureux Garfield et termina sa réforme de la fonction publique, qui fut promulguée en 1883. À noter que la présidence de Garfield ne fut pas la plus courte de l'histoire, ce triste privilège revenant à William Henry Harrison. Ce dernier, élu en 1841, contracta une pneumonie peu après son discours d'investiture et mourut un mois plus tard...
Ecrit par
Pierre Ancery est journaliste. Il a signé des articles dans GQ, Slate, Neon, et écrit aujourd'hui pour Télérama et Je Bouquine.