Écho de presse

1824 : une affaire de cannibalisme « dangereuse pour les mœurs »

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« Cannibales contemplant des restes humains », peinture de Francisco de Goya, 1808 - source : Musée des Beaux-Arts de Besançon-Domaine Public

En 1824, une affaire de cannibalisme choque l'opinion. La presse de la Restauration se refuse à nommer ce crime alors considéré comme l'apanage de la « barbarie » et largement tabou en France. 

À 28 ans, Antoine Léger est un jeune homme sombre et solitaire. Batteur en grange, il habite encore chez ses parents, quand, un beau jour, il décide de quitter la maison familiale afin de vivre en ermite. C’est dans les bois de la Ferté-Alais, dans l'actuelle Essonne, qu’il découvre une grotte isolée. Celle-ci deviendra son repaire.

Pour survivre, il se nourrit de racines. Il chasse parfois un lapin, qu’il dévore cru, vole fruits et légumes dans les fermes alentour, boit l’eau qui s’écoule des trous de la roche. Jusqu’au 10 août 1824.

Ce jour-là, affamé, il sort de sa grotte pour aller cueillir des pommes qu’il a repérées en lisière du bois, lorsqu'il aperçoit une fillette dans une vigne. Pris d'une terrible pulsion, il décide de l’enlever.

Ne la voyant pas revenir, les parents de Constance, 12 ans, alertent voisins et gendarmes. De grandes battues sont organisées dans la région.

Le 16 août, une odeur nauséabonde mènent plusieurs villageois jusqu'à la grotte de Léger. Là, ils découvrent avec horreur le cadavre de la fillette.

Le lien est vite fait avec l’arrestation non loin de là, quelques jours auparavant, d’un vagabond jugé hirsute et incohérent. Interrogé sur la mort de Constance, l'homme finit par avouer son crime. 

Les détails sont effroyables : Antoine Léger a dévoré une partie du cadavre de la fillette, bu son sang, sucé le cœur. Un acte que se refusent à nommer les journaux de l'époque, tant le cannibalisme est considéré en Occident comme le sommet de l'horreur, de même que l'apanage de peuples lointains, nécessairement « barbares ».

Le 9 novembre 1824, lorsque Le Constitutionnel annonce que l’affaire s’apprête à être jugée, c’est par l'intermédiaire d'u...

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