Écho de presse

« L’Affaire des télégraphes », ou la première cyber-attaque de l’Histoire

le par

Illustration d’un télégraphe Chappe parue dans Les merveilles de la science, Louis Figuier 1868 - Domaine Public

Sous Louis-Philippe, deux financiers bordelais détournent le télégraphe Chappe afin de spéculer sur des obligations. Lors de leur procès, ils parviennent à s’en sortir sans trop de dégâts.

En janvier 1836, un nommé Lucas meurt à Tours en laissant derrière lui un joli héritage évalué à quelque sept mille francs. Une somme que cet homme n’a pas pu gagner grâce à son métier de « stationnaire », chargé d’opérer les mécanismes du télégraphe Chappe.

En mourant, il lègue à un collègue, Cailleteau, son secret : avec un complice, Guibout, il a promis à deux hommes de faire passer pour eux des informations par le télégraphe, théoriquement réservé aux communications d’État, en échange d’une coquette rémunération – mille cinq cent francs pour commencer, puis cent cinquante francs par mois et vingt francs par nouvelle favorable. À Tours, une rumeur commence à circuler selon laquelle des employés du télégraphe ont été soudoyés.

C’est le début de « l’Affaire des télégraphes », que le magazine 1843 qualifiait récemment de « toute première cyber-attaque de l’histoire ».

Le directeur du télégraphe à Tours, Bourgoing, est informé de l’utilisation clandestine de l’appareil placé sur l’hôtel de ville. Il constate, selon l’acte d’accusation publié par le Journal des débats politiques et littéraires, que Guibout est « parvenu à un degré d’aisance que ses camarades ne peuvent expliquer que par la supposition d’un commerce qu’il cachait soigneusement aux yeux de tout le monde ». Et découvre qu’il recevait régulièrement des curieux paquets de la malle de Paris, ne contenant par exemple qu’une paire de gants colorés, ce qui incite les enquêteurs à penser « qu’il y avait là bien plutôt transmission d’une nouvelle quelconque que spéculation commerciale ».

Ces gants, ces bas, ces cravates de différentes couleurs permettaient à Guibout de connaître le cours à Paris de la ...

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