Écho de presse

La « conspiration de l’épingle noire » : fausse société secrète, vraie psychose

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Napoléon se repose sur le champ de bataille de Wagram, entouré de soldats de sa Grande armée, Adolphe Roehn, 1810 - source : WikiCommons

Peu après la chute de Napoléon, le roi Louis XVIII craint le retour des vétérans de la Grande armée. La rumeur veut qu’une milice de 80 000 hommes attende son heure afin de le renverser – celle-ci se nommerait « les chevaliers de l’épingle noire ».

Ils tambourinent à la porte, ce 20 mai 1816. C’est la police du roi Louis XVIII. Les gonds s’apprêtent à céder. Il ne reste que quelques secondes à l’adjudant du génie Monier pour brûler tous les papiers compromettants. Des lettres, des plans… La lourde porte de bois cède finalement.

Tandis qu’un gendarme surveille l’ancien adjudant de l’armée impériale, revenu de l’île d’Elbe avec l’empereur en 1815, un officier d’État-major inspecte le bureau.

L’adjudant est agité. Il se rue sur une feuille et la jette dans la cheminée. Il tente d’en détruire d’autres avant que le gendarme ne le menace, comme le narre le journal monarchiste La Quotidienne le 19 septembre 1816, qui relate le procès de l’adjudant.

La feuille n’a pas eu le temps de brûler. L’officier la lit.

« LMSC. Je jure, par l’honneur, de consacrer ma fortune et ma vie pour délivrer mon pays du joug qui l’opprime.

Je jure de ne rien dévoiler de ce que je viens d’entendre, quelle que soit la position où je me trouve placé. Si j’ai la lâcheté de trahir mes serments, je voue ma tête à la mort.

– Au nom de la réunion des Amis de la Patrie, je vous reçois dans leurs rangs. L’entreprise à laquelle vous allez concourir est une entreprise sublime. »

« LMSC ». La main sur le cœur. L’acronyme des serments. La dénonciation semble donc vraie.

Depuis que Louis XVIII est revenu, pour la deuxième fois, au palais des Tuileries, l’atmosphère est irrespirable à Paris. Lors des Cent jours, l’empereur Napoléon, désormais appelé « l’Imposteur », a reconnu lui-même avoir trouvé ses soutiens dans l’armée.

Le nouveau pouvoir royal, fragile car né d’une défaite, se méfie de tous les anciens soldats. Les « demi-soldes », car ils ne touchent plus que la moitié de leur solde, sont désœuvrés. Des rapports de Préfecture sont alarmistes quant à leur état d’esprit. On les soupçonne de comploter, d’œuvrer dans l’ombre. Mais les officiers sont rompus au silence. Ils savent dissimul...

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