Écho de presse

Dalton Trumbo et les « dix d’Hollywood », interdits d’écran parce que communistes

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Le scénariste Dalton Trumbo lors des accusations de la House committee on Un-American activities, 1947 - source : WikiCommons

En 1947, dix producteurs, scénaristes et réalisateurs de gauche sont accusés d’« activités anti-américaines ». Malgré l’absurdité manifeste du procès, ils sont condamnés à des peines de prison et inscrits sur une « Liste noire » les empêchant d’exercer. Parmi eux Dalton Trumbo, scénariste star d’Hollywood.

Trois ans avant le début de la « chasse aux rouges » lancée par le sénateur Joseph McCarthy, la House committee on Un-American activities (Commission parlementaire des activités anti-américaines) décide d’exercer une surveillance sur l’industrie cinématographique afin d’identifier des individus jugés « déviants » politiquement.

Cette commission a été créée en 1938 pour enquêter sur les activités d’Américains soupçonnés d’intelligence avec l’Allemagne nazie, notamment au sein du Ku Klux Klan. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale et dans un contexte de début de Guerre froide, l’ennemi intérieur est devenu le sympathisant communiste ; le président de la HCUA, Parnell Thomas, oriente donc ses enquêtes vers ce qui lui semble être un « nid de rouges » : Hollywood.

La pression est exercée sur l’ensemble des métiers du cinéma. Acteurs, réalisateurs, techniciens sont ainsi sommés de dénoncer leurs collègues membres d’un syndicat ou mieux, du Parti communiste américain. Certains – parmi lesquels Gary Cooper, Walt Disney ou Robert Taylor – collaborent activement, comme le signalera le quotidien communiste Ce Soir.

« Jamais je n'oublierai le visage de Taylor, séducteur bien peigné, cette face molle de Don Juan standard, grimaçant ses dénonciations devant un parterre de photographes et de cameramen d’actualités.

C’est un des spectacles les plus répugnants qu’il me fut donné de voir. Taylor auxiliaire du F.B.I., avait droit au remerciement de ses patrons. »

D’autres grands noms d’Hollywood, en revanche, se mobilisent contre.

« Pourtant, un mouvement de protestation se dessinait, comprenant entre autres Eddie Cantor, Ava Gardner, William Whyler, Cornel Wilde, Paul Henreid et John Garfield.

Les protestataires signèrent un manifeste qui disait textuellement :

“Les soussignés sont outragés et dégoûtés par l’attaque systématique portée à l'industrie cinématographique par le Comité des Activités Antiaméricaines”.

D’autres protestataires vinrent bientôt se joindre au premier groupe : Humphrey Bogart, Lauren Bacall, Danny Keyes, Rita Hayworth, Katharine Hepburn, Spencer Tracy, Paulete Goddard, Myrna Loy et Frederic March. »

En France, la presse s’inq...

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