Interview

La peine de mort en France et la « constante macabre » de la guillotine

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L'assassin Henri Désiré Landru s'avançant vers la guillotine, L'Excelsior, 26 février 1922 - source : RetroNews-BnF

La peine de mort en France ne fut pas une suite de dossiers individuels ; selon l’historien Nicolas Picard, celle-ci obéissait à des mécanismes sociaux précis, de la gestion de la grâce à l’encadrement du condamné.

Chercheur associé au Centre d’histoire du XIXe siècle (Paris 1-Sorbonne université) et professeur agrégé d'histoire au lycée Robert-Doisneau de Corbeil-Essonne, Nicolas Picard a consacré sa thèse de doctorat, nourrie d’un très important travail d’archives, à la peine de mort en France au XXe siècle.

Récompensée d’une mention spéciale au prix Vendôme et du prix Varenne de thèse section « Histoire politique et sociale depuis 1870 », celle-ci vient de faire l’objet d’une édition en livre, Le châtiment suprême. L'application de la peine de mort en France (1906-1981) (IUV).

Propos recueillis par Jean-Marie Pottier

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RetroNews : Pourquoi avoir choisi 1906 comme point de départ de votre thèse ?

Nicolas Picard : Cette année marque l'élection d'une nouvelle Chambre des députés qui compte parmi ses principaux projets l'abolition de la peine de mort. Aussitôt, le président Fallières, élu à la même époque, met en place une sorte de moratoire sur les exécutions en graciant systématiquement – et ce même s'il est moins abolitionniste que le veut sa réputation. Après l'échec du projet de loi sur l'abolition, notamment provoqué par l'affaire Soleilland, Fallières fera d’ailleurs exécuter plutôt durement en 1909 et 1910, avant d'assouplir sa position à nouveau.

On constate également à cette époque une inflexion dans l'application de la peine de mort : alors qu'elle avait reculé dans les prétoires pendant tout le XIXe siècle et au début du XXe, on recommence à condamner Ã...

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