Interview

La citoyenneté en armes : le temps des gardes nationales

La garde nationale strasbourgeoise, illustration d'Emile Schweitzer, 1848 - source : Gallica-BNU de Strasbourg

Héritage de la Révolution qui parcourt tout le XIXe siècle français, les « gardes nationales » sont définitivement abolies à la suite de leur participation à la Commune de Paris. Retour sur ces milices citoyennes légales avec Mathias Pareyre, spécialiste des gardes nationales de Lyon et Marseille.

L’historiographie s’était surtout intéressée jusque-là à la garde nationale parisienne et à ses premières années, sous la Révolution française et le premier Empire. Or toutes les communes de France se dotent à partir de 1790 de leur propre garde nationale.

Pour mieux analyser ces milices citoyennes emblématiques du XIXe siècle, l’historien Mathias Pareyre s’est consacré aux deux gardes de Lyon et Marseille, sur une période allant de la Monarchie de Juillet, en 1830, à leur dissolution, à l’issue de la Commune de 1871.

Propos recueillis par Alice Tillier-Chevallier

RetroNews : Quelle est l’origine des différentes gardes nationales qui voient le jour à la Révolution française ?

Mathias Pareyre : Les gardes nationales s’inscrivent en partie dans la continuité des milices bourgeoises de l’Ancien Régime qui, souvent, avaient été mises en sommeil et remplacées par des forces soldées : à Lyon par exemple, la dernière convocation de la milice remontait aux années 1770. Celle de Tours en revanche existe encore à la veille de la Révolution et va servir de terreau à la nouvelle garde.

Paris est la première ville à créer la sienne, dès le 13 juillet 1789, à un moment où les États généraux se trouvent dans l’impasse : les députés ont prêté le serment du Jeu de Paume quelques semaines plus tôt et Louis XVI est en train de rassembler des régiments étrangers, notamment allemands, ce qui fait craindre l’étouffement du processus révolutionnaire.

La garde nationale répond alors à un double objectif : maintenir l’ordre et protéger les biens et les personnes, comme les milices de l’Ancien Régime, mais également – et c’est là son aspect novateur – défendre la Révolution, y compris sur le champ de bataille si nécessaire. Sa création est un symbole fort, car elle vient remettre en cause le m...

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