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La France face à la grippe espagnole en 1918-1919

La grippe espagnole constitue la première grande pandémie du XXe siècle. Elle fit entre 50 et 100 millions de morts. La concomitance de l’explosion pandémique avec la phase terminale de la Première Guerre mondiale a accentué sa dimension traumatique.

fausses nouvelles

Ecrit par

Julien Ebersold

Publié le

14 mars 2018

et modifié le 5 août 2020

Image de couverture

« Un male qui répand la terreur », Le Journal, 23 octobre 1918 - Source : RetroNews BnF

La grippe espagnole constitue la première grande pandémie du XXe siècle. Elle fit entre 50 et 100 millions de morts. La concomitance de l’explosion pandémique avec la phase terminale de la Première Guerre mondiale a accentué sa dimension traumatique.

La lente prise en compte de la gravité de la crise

La grippe espagnole apparaît pendant la fin de la Grande Guerre. Les conditions de vie à l’arrière et au front ont fragilisé les organismes et les ont rendus plus vulnérables. Cette épidémie reste longtemps ignorée sous les effets de la censure. Aucun journal français n’évoque cette maladie avant mai 1918. Quand les Français en prennent connaissance, ils la qualifient d’« espagnole » car c’est dans ce pays, neutre et non soumis à la censure, que les premiers cas sont recensés.

Les premiers cas en France ont été observés dans les tranchées de Villers-sur-Coudun à la mi-avril 1918. Les médecins militaires expliquent la rapidité de la contagion dans les armées par la promiscuité des soldats.

Dès que la grippe devient un problème militaire, elle passe en une de la presse en juillet 1918, mais les cas de civils décédés se contentent d'un entrefilet. Le discours médical insiste sur la soudaineté et l’extrême contagiosité du virus mais se veut rassurant car elle est peu meurtrière. Ainsi Le Matin verse dans la propagande en voyant dans cette « maladie à la mode » un nouvel allié de la France :

« En France, elle est bénigne ; nos troupes y résistent merveilleusement. Mais de l’autre côté du front, les Boches semblent très touchés par elle. Est-ce le symptôme précurseur de la lassitude, de la défaillance des organismes dont la résistance s'épuise ? »

Obsèques de prisonniers allemands morts de la grippe en Angleterre - Source : Gallica BnF

Obsèques de prisonniers allemands morts de la grippe en Angleterre - Source : Gallica BnF

À partir d’août 1918, la grippe a perdu sa bénignité. Les médecins s’alarment devant la rapidité de la mort et les multiplications des complications pulmonaires, broncho-pulmonaires et des cas de pleurésies, aussi bien sur le front qu’à l’arrière. Alors que Le Matin  annonce hâtivement le 22 septembre 1918 que « l’épidémie sera bientôt enrayée », les populations font face à la seconde vague de l’explosion épidémique, phase la plus létale de septembre à décembre 1918. C’est aussi le moment où sa propagation devient mondiale.

Des médecins impuissants face à la pandémie

Cette pandémie reste un grand mystère sanitaire : on ne sait ni comment ni pourquoi elle a brusquement apparu et disparu. « D’où vient cette grippe que les uns nomment “espagnole” et les autres “asiatique” ? » s’interroge un médecin dans Le Gaulois. Pour certains chercheurs actuels, il s’agirait d’un agent pathogène provenant de Chine et importé par la main-d’œuvre indochinoise. Pour d’autres, elle est née dans le Middle West aux États-Unis et se serait propagée en France puis en Europe via le corps expéditionnaire. Il existe une troisième théorie : le virus serait en Europe.

La presse tente de faire le point sur la maladie en interviewant des spécialistes. Pour ces derniers, cette grippe ne se distingue pas des précédentes épidémies : elle est confondue dans un premier temps avec l’épidémie d’influenza qui avait fait plus de 200 000 morts en 1889-1890. Puis on découvre qu’il s’agit d’un microbe pathogène inconnu qui, à leur grand étonnement, frappe surtout les jeunes adultes robustes et en pleine santé.

Dans un contexte de réquisition des moyens médicaux, la pandémie a totalement désorganisé les services sanitaires qui sont incapables d’endiguer l’épidémie. On en reste à l’isolement des malades et à des règles d’hygiène à défaut de moyen prophylactique adapté. Face à ces incertitudes, on voit se multiplier dans la presse des publicités et des articles sur des remèdes miracles. Mais un article du Petit Parisien, qui a pour titre « On peut lutter contre la grippe espagnole », fait véritablement scandale et les médecins s’insurgent qu’un tel article ait pu passer la censure (26 septembre 1918).

Bibliographie

 

Avner Bar-Hen, Patrick Zylberman, « La presse parisienne et la grippe “espagnole” (1918-1920) », dans Les Tribunes de la santé, n°47, (2015), pp. 35-49.


Françoise Bouron, « La grippe espagnole (1918-1919) dans les journaux français », dans Guerres mondiales et conflits contemporains, n°223 (2009), pp. 83-91.


Pierre Darmon, « Une tragédie dans la tragédie : la grippe espagnole en France (avril 1918-avril 1919) », dans Annales de démographie historique, n°2000, 2001, pp. 153-175.


Sophie Delaporte, « La grippe espagnole », dans Dominique Lecourt (dir.), Dictionnaire de la pensée médicale, PUF, Paris, 2004, pp. 542-546.


Jay Winter (dir.), La Première Guerre mondiale - Tome III : Sociétés, Fayard, Paris, 2014.

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Julien Ebersold
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