Chronique

XIXe siècle : les débuts de la mondialisation de l’information

Hommes et femmes lisant le journal en extérieur, gravure, 1822 - source : WikiCommons

Des premières revues transnationales des années 1830 à la création des grandes agences de presse quarante ans plus tard, le XIXe siècle aura permis la première révolution informationnelle de masse de l’histoire : la « civilisation du journal ».

Avant l’ère des médias de masse, le XIXe siècle a connu une première révolution médiatique à l’échelle mondiale. Le journal a fait circuler une parole sociale et a institué un espace de discussion. Les lecteurs accédaient à une information internationale grâce aux revues de presse étrangère, aux correspondants étrangers et aux agences de presse qui s’appuyaient sur un réseau télégraphique en pleine croissance.

À défaut de titres dont le public était proprement européen, voire mondial, les journaux nationaux véhiculaient auprès de leur lectorat une information étrangère à laquelle ils se montraient de plus en plus attentifs, non sans retours en arrière, selon les conditions juridiques (censure) et matérielles (conflits) de la circulation des nouvelles. Dès les années 1820, on lisait dans les principaux quotidiens français et britanniques d’abondantes citations et traductions d’articles étrangers ; dans toutes les grandes villes d’Europe, et au-delà, on s’abonnait à des journaux étrangers.

La révolution médiatique des années 1830 a donné à la presse française une expansion nouvelle. Les progrès juridiques (liberté d’expression reconnue par la Charte constitutionnelle révisée en 1830) et techniques (innovations et baisse des prix du papier) ont permis aux journaux français de dépasser les 100 000 abonnés. Les lecteurs étaient autrement plus nombreux, démultipliés par de nombreux circuits de diffusion.

Telle publicité d’un journal de petites annonces décrit la diversité des lieux où on pouvait le trouver :

« Il est distribué dans tous les cafés, restaurants, hôtels, cabinets de lecture, cercles de commerce et autres, bains publics, bateaux à vapeur partant de tous les points de France, imprimeries, librairies, séminaires, études de notaires, d’avoués, de commissaires-priseurs et d’huissiers (à Paris seulement pour ces derniers) et dans les salons des principaux coiffeurs de Paris. »

Si les journaux étaient alors mieux distribués à l’échelle nationale, l’information sur l’étranger est devenue dans le même temps un passage obligé pour tout périodique qui souhaitait rencontrer un large public. Le Journal des Débats des années 1820 regroupait en première page ses rubriques, à savoir les « nouvelles étrangères » (classées par ordre d’éloignement) et celles de Paris, ainsi que son feuilleton.

Certains journaux reproduisaient des nouvelles venues d’ailleurs en se contentant de les traduire dans leur langue, comme le faisait par exemple La Revue britannique de Sébastien-Louis Saulnier (1790-1835) qui justifiait en 1825 la création de ce mensuel par la volonté de compléter l’information des Français.

Dès les années 1820, Londres ...

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