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Chronique

Novembre 1918 : la grève générale des salariés suisses

Tandis que se termine la Première Guerre mondiale, les commis de banque suisses se révoltent contre leurs dirigeants. Vite, l’événement mute en insurrection nationale, unanimement décriée par la presse française.

condition ouvrièreSuisseGrèvePremière guerre mondiale

Ecrit par

David Dufresne

Publié le

12 novembre 2018

et modifié le 3 novembre 2024

Image de couverture

L'insurgée suisse Rosa Bloch, par Anja Kofmel - source : extrait de Hanna La Rouge, jeu documentaire pour mobiles d’Anita Hugi, David Dufresne et Akufen

Tandis que se termine la Première Guerre mondiale, les commis de banque suisses se révoltent contre leurs dirigeants. Vite, l’événement mute en insurrection nationale, unanimement décriée par la presse française.

À l'occasion de la sortie de l'application mobile « Hanna la Rouge : grève générale, novembre 1918 : un jeu du réel dans l'Europe Moderne Année zéro », RetroNews revient sur l'un des faits réels qui ont inspiré l'intrigue de cette fiction historique réalisée par Anita Hugi, co-écrite par David Dufresne et mise en image par Anja Kofmel.

–

À l’origine, une gronde, sourde et feutrée : celle des commis des banques de Zurich. A l’automne 1918, 40 % d’entre eux gagnent moins de 300 francs mensuels (les « demoiselles de bureau » détiennent le record du plus bas salaire, entre 80 et 120 francs par mois), quand les directeurs reçoivent une indemnité annuelle allant de 60 000 à 100 000 francs.                                   

Fin octobre, les commis décident – grande première (et grande dernière) – d’une vague de protestation. Panique sur la place financière suisse qui compte bien, franc fort et monnaie stable, s’exporter bientôt en Europe une fois la guerre finie.

Le Nouvelliste de Bretagne décrit la scène :

« LE PUBLIC ASSIEGE LES BANQUES

La panique s'est emparée du public, qui retire précipitamment ses dépôts des banques et des caisses d'épargne. Il y a pénurie de billets de banque à tel point que des billets à vue sont réunis à ceux qui effectuent de gros retraits. »

Le Général Ulrich Wille, commandant des armées suisses, sonne l’alerte. En décrivant l’opération de employés de banques de « répétition générale » à une révolution potentielle. Il y va fort, mais n’a pas nécessairement tort.

Le général suisse Ulrich Wille, 1918 - source : illustration extraite de Hanna La Rouge

Le général suisse Ulrich Wille, 1918 - source : illustration extraite de Hanna La Rouge

Le général fait occuper Zurich, à titre préventif. La réplique ouvrière est sans appel. Prolétaires et femmes réclament : égalité !

Ce sera la grève. Générale.

Nouvelle première en Suisse, déjà connue pour son sens du compromis. Le quotidien socialiste L'Humanité est l’un des rares journaux français à relayer les revendications :

« 1. Réélection du Conseil national sur la base de la représentation proportionnelle;

2. Vote et éligibilité des femmes ;

3. Réorganisation de l’armée ;

4. Garantie du ravitaillement, d'accord avec les producteurs agricoles ;

5. Semaine de travail de 48 heures ;

6. Travail obligatoire général ;

7. Monopolisation par l'État de l'importation et l’exportation ;

8. Assurance contre la vieillesse et l’invalidité ;

9. La dette publique amortie par la classe possédante.

Les travailleurs sont invités à s'abstenir de boire de l'alcool pendant toute la durée, illimitée, de la grève. »

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Les événements tournent court. En moins de 48 heures, et une demi-douzaine de morts plus loin, la Suisse retrouve sa quiétude et son (futur) crédo, « le pays du travail » où, bientôt, grève et lock-out seront proscrits.

La grève générale est terminée » claironne le quotidien de centre-gauche L’Écho d'Alger le 16 novembre 1918.

« Dans divers centres ont eu lieu des manifestations patriotiques, au cours desquelles on a célébré la fin du conflit. Le président, les conseillers fédéraux, le général commandant l'armée fédérale ont adressé des paroles applaudies à la foule, remerciant les patriotes et l'armée de leur concours énergique en vue du maintien de la liberté et des institutions démocratiques, contre les tentatives subversives des agents provocateurs. »

Et c’est l’inévitable chasse aux sorcières qui s’opère. À qui la faute? Qui sont les « agents provocateurs » ? Qui a tiré les ficelles ? L'Ouest-Éclair, journal conservateur de Bretagne, est catégorique au sujet des « envoyés de Lénine » :

« Le mouvement bolcheviste en Suisse

La Suisse vient de traverser une grave épreuve : une crise de bolchevisme l'a secouée tragiquement, mais l'énergie de ses gouvernants a eu raison des efforts conjugués d'une bande d'agitateurs professionnels et d'envoyés de Lenine.

Les révolutionnaires, répandus principalement dans la Suisse alémanique, voulaient faire de la République helvétique le levier central d'impérialisme rouge en Europe. Ils ont ordonné la grève générale. »

Un ministre suisse en déplacement à Paris, M. Dunant, livre son opinion à La Lanterne. Elle est similaire à celle de L’Ouest-Éclair :

« Le peuple suisse est dans son immense majorité, résolument hostile au bolchévisme ; la tentative que quelques groupements isolés ont faite pour exciter les esprits a complètement échoué devant l'attitude résolue du Conseil fédéral [le gouvernement, NDLR], qui a été appuyé par l'écrasante majorité de l'Assemblée fédérale, et qui a derrière lui le peuple tout entier.

Cet échec sera une leçon pour les éléments subversifs qui comprendront maintenant que le bolchévisme ne peut pousser la moindre racine dans notre pays et que le Conseil fédéral n'admettra pas que la plus petite atteinte soit portée à la sécurité publique. »

Les fenêtres des rues de Berne insurgée, par Anja Kofmel, 1918 - source : Hanna La Rouge, fiction historique en temps réel pour mobiles d’Anita Hugi avec la collaboration de David Dufresne et Akufen

Les fenêtres des rues de Berne insurgée, par Anja Kofmel, 1918 - source : Hanna La Rouge, fiction historique en temps réel pour mobiles d’Anita Hugi avec la collaboration de David Dufresne et Akufen

Dans le Journal des débats politiques et littéraires, un dénommé Edouard Lazone dresse un constat analogue au sujet de ceux qu’il nomme les « éléments douteux ».

« Il reste encore bien des éléments douteux en Suisse.

Le moment est venu de faire place nette et de balayer tout ce qui peut nuire à la santé morale du pays. Tel est le vœux du peuple suisse, et telle sera désormais la politique du Conseil fédéral. »

Dans le même article, un acte manqué dit tout. Selon le journaliste, les ouvriers réclamaient le « droit électoral actif et passif pour les hommes », alors qu’il s’agissait bien de la gente féminine qui entendait faire valoir ses droits au vote.

Notamment par l’entremise de Rosa Bloch, qui sera flouée. Sa revendication, peu défendue par ses camarades masculins, sera tout bonnement refusée par le gouvernement suisse, qui donnera des gages pour la plupart des autres revendications.

Les suissesses devront attendre 1971 pour obtenir ce doit (1918 en Allemagne, 1944 en France). La semaine de 48 heures, réclamée par les grévistes de 1918, sera accordée en Suisse en 1920 (un an auparavant en France) tandis que l’assurance retraite sera officialisée en Suisse peu après… la Seconde Guerre mondiale.

 

 

Mots-clés

condition ouvrièreSuisseGrèvePremière guerre mondiale
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Ecrit par

David Dufresne
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