Chronique

Madame Roland, symbole de l’influence « pernicieuse » des femmes sur la politique

le par

Madame Roland à Sainte-Pélagie, gravure d'après Évariste Carpentier, 1894 - source : Wikicommons

Guillotinée en 1793, Madame Roland est érigée, dans la presse révolutionnaire, en symbole de « l'influence occulte » des femmes sur la vie politique : retour sur les principaux griefs misogynes exprimés contre une personnalité de la Révolution.

Le 9 novembre 1793, le Mercure universel annonce cette décision du Tribunal révolutionnaire datée du 8 novembre :

« Marie-Jeanne Philippon, femme Roland, ci-devant ministre de l’intérieur, âgée de 39 ans, native de Paris, demeurant rue de la Harpe, convaincue d’être auteur et complice d’une conspiration qui a existé contre l’unité et l’indivisibilité de la république, et contre la liberté et la sûreté du peuple français, a été condamnée à la peine de mort à 2 heures et demie. »

Le jour même de sa condamnation est mise à mort Madame Roland.

Qu’est-ce qui mena sur la guillotine cette célèbre figure du Paris révolutionnaire ? Fille d’un maître graveur, Jeanne Marie Phlipon épouse le 4 février 1780 Jean-Marie Roland de La Platière, économiste et inspecteur des manufactures de vingt ans son aîné. Pendant la Révolution française, ce dernier exerce par deux fois la fonction de ministre de l’intérieur. Il devient l’un des chefs de file des Girondins, groupe politique à l’Assemblée nationale qui connait son apogée au printemps 1792.

Madame Roland seconde activement son mari dans ses activités politiques, rédigeant lettres et circulaires officielles, et encourageant certains projets comme la fédération des clubs de départements. Son célèbre salon, qui accueille au début de la Révolution des députés de gauche comme Robespierre, devient progressivement un espace de sociabilité girondine où se croisent journalistes, écrivains et hommes politiques.

Dans le contexte de la lutte des factions entre Girondins et Montagnards, vingt-et-un députés girondins sont arrêtés le 2 juin 1793. Ce qui entraî...

Cet article est réservé aux abonnés.
Accédez à l'intégralité de l'offre éditoriale et aux outils de recherche avancée.